Outch !… Ca monte !

« Qui veut monter haut, monte à vélo », dit le dicton TSAGA.

En d’autres termes, il faut monter lentement pour s’acclimater au mieux à l’altitude.

C’est ainsi que nous allons passer de l’altitude de 500 à près de 4200 m en 4 jours (on va essayer d’enchainer une montée de l’Alpe d’Huez 4 joursde suite !), en traversant un désert montagneux, très minéral, aux températures élevées, malgré le fait que ce soit le début de l’hiver ici.

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Nous avons fait le plein d’eau dans notre jerrican souple de 15 L, et dans l’ensemble des gourdes que nous possédons, car il n’y aura pas une goutte d’eau durant 3 jours. On complétera à la dernière gargotte avec 2 bouteilles de 2×2.5 L, soit près de 23 L au total !

5 juin 2015

Distance : 23 km
Dénivellée : D+ = 800 m

Nous quittons Nazca rapidement par une petite route en terre qui passe par l’aqueduc de Cantalloc, et rejoint la Transocéanique, en direction de Cuzco. Il est 8h45, et le soleil chauffe déjà généreusement.

Les premiers kilomètres montent en pente douce. En contrebas d’une mine d’or en exploitation, se trouve l’unique petite gargotte (tiendita) jusqu’au Km 44. Même s’il n’est pas encore midi, on s’y arrête manger du poulet et des papas fritas (frites maison, miam).

On nous sert également du Sanki, jus issu du fruit des cactus qui bordent la route, délicieux. On en profite pour demander qu’on nous prépare à emporter des chicharones, petits morceaux de poulet panés frits.

La montée se raidit, et nous déplorons deux crevaisons, liées à une graminée extrêment acérée, du même type que celle rencontrée au Kyrghizstan (ou du cram-cram africain). C’est un des pneus de la remorque, « non increvable », qui est percé en premier, suivi de près de celui de Seb, un Schwalbe (Mondial) pourtant renforcé, lui !

Nous trouvons un unique bloc qui nous permet de faire une longue pause à l’ombre. Ce soir nous dormons un peu avant le Km 23 (borne kilométrique dont la numérotation débute à Nazca)/Alti : 1350 m, en contrebas de la route, entre le terrain naturel et une ruine. Nous y sommes invisibles de toute part, et bien abrités de la brise du soir. Il faut néanmoins décharger toutes les sacoches, et porter les vélos en contrebas, manipulation un peu fatiguante qu’il faut refaire le lendemain matin.

D’autres cyclos nous ont précédé, et nous retrouvons une petite table en pierre. Nous choisissons de la déplacer pour planter nos tentes à sa place, mais que les concepteurs de la table et des tabourets en pierres se rassurent, on l’a déplacée un peu plus loin uniquement !

6 juin 2015

Distance : 19 km
Dénivellée : D+ = 850 m

Nous reprenons la montée. Gaspard trouve cela un peu rude de commencer dès le matin par de la montée. En effet, la montée à 5 à 7% est régulière et n’offre que très peu de répis. Les camions qui nous doublent sont nos grands supporters : les klaxons à tout va sont censés nous encourager, pour l’instant ils nous crêvent juste les tympans !

Nous faisons déposer de l’eau au Km 40 par une voiture de chantier. A 11h le soleil nous assome, nous choisissons de nous arrêter jusqu’à 14h30, heure à partir de laquelle la température commence à décroitre. Nous installons le double toit de la tente à une espèce de collet, ce qui nous permet d’avoir un abri contre les rayons du soleil, tout en permettant de laisser passer l’air. Le poulet de la veille est bien apprécié. Nous jouons aux cartes en attendant de pouvoir remonter sur nos vélos.

A la reprise, Gaspard a les jambes « coupées », il faut l’alléger des ses sacoches, et le tracter avec le tandem. Nous nous arrêtons au Km 41.5/Alti : 2200 m, au-dessus de la route, à proximité de blocs. Il faut à nouveau décharger les vélos et faire de longs portages pour accéder à notre emplacement de bivouac.

Les graminées qui parsèment le sol sont redoutables ce soir, et s’infiltrent dans les chaussettes et les chaussures, à tel point qu’il nous faudra plusieurs jours « d’égraminage » de nos chaussettes et vêtements pour en venir à bout.

7 juin 2015

Distance : 11 km
Dénivelée : D+ = 600 m

Petite forme pour Gaspard ce matin qui a enchainé de grosses journées de vélo. Après de multiples pauses, dont une au Km 44 (hameau de Huallaca) dans le premier petit restaurant en bordure de route (à l’intersection avec la piste de Tambo Colorado situé à 18 km), nous nous arrêtons au village de Villatambo, au Km 52/Alti : 2800 m.

Nous plantons la tente tôt cet après-midi, dans une « pampita » conseillée par les villageois, à l’arrière de leurs maisons. Les enfants jouent avec les pierres volcaniques, très légères à soulever, et font plein de construction, jusqu’au moment où… ils dénichent un beau scorpion sous un bloc, leurs ardeurs de constructeurs retombent aussitôt !

Une bergère qui rentre ses vaches vient s’assurer le soir que nous sommes bien installés.

8 juin 2015

Distance : 44 km en voiture et 32 km en vélo
Dénivellée : D+ = 1300 m en voiture et 200 m en vélo, D- = 1100 m en vélo

Gaspard accusant toujours sa fatigue de la veille, nous ne pédalons pas aujourd’hui. Nous préférons atteindre le col à 4150 m en camion, afin que Gaspard se repose. Le problème, c’est qu’après 1 heure d’attente au bord de la route, pas un camion ne passe.

Nous l’apprendrons plus tard, la route est fermée pour travaux toute la journée, seuls des créneaux d’une heure, 4 fois par jour, laisse passer les véhicules. Nous nous renseignons auprès de la seule voiture disposant d’une benne arrière dans le village, elle appartient à Denis, qui nous dépose sur le plateau, dans la réserve nationale de Pampas Galeras, qui abrite de nombreuses vigognes à l’état sauvage.

Le plat suivi de la descente sont appréciés de tous : Titouan, qui réclame à corps et à cris de monter sur sa draisienne, peut enfin avancer avec nous. Il « pédale » donc sur les quelques kilomètres de plateau précédents la descente, ainsi que sur tout le début de la descente.

Le trafic de véhicules étant quasiment nul, les conditions sont idéales pour lui. Mais comme il faut tout de même que nous avancions un peu, nous lui proposons de réintégrer sa remorque, ce qui ce fera au prix de grosses larmes. Nous lui laissons alors profiter au maximum de « sa » descente en draisienne, qui a pédalé un peu moins aujourd’hui.

La descente contraste énormément avec les paysage désertiques traversés ces derniers jours : « du vert » réapparait enfin, à notre plus grand bonheur, des arbres aussi, d’abord timidement, puis de véritables bosquets d’eucalyptus odorants, des rivières, et de jolis mamas portants leurs bébés sur le dos. La vie renaît.

Ce soir, nous demandons à 200 m d’une habitation, dans le seul champ plat et non cultivés que nous apercevons depuis plusieurs heures. Nous sommes en dessous du village de Lucanas.

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