GTJ des enfants

Grande Traversée du Jura en ski nordique

Du 20 au 24 février 2016

Avec :

  • les enfants par ordre croissant : Adélie (8 ans), Simon (8 ans), Adèle (11 ans), Gaspard (12 ans) et Zoé (12 ans)
  • les adultes : Nico, Claire & Damien, Ariane & Seb

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La saison 2015-2016 restera « historique » pour les skieurs, par le faible enneigement en moyenne altitude. Néanmoins, nous avons pu profiter de conditions plus que correctes pour ce premier raid à skis de nos enfants. Le Jura nous a charmé par ses paysages, malgré le peu de neige, la brume et… la pluie !

Après quelques hésitations (GTJ des enfants J-21 et GTJ des enfants J-1), nous avons finalement pu partir pour cette jolie « Aventure », concoctée par Seb et Damien, tandis que Nico gérait d’une main de maître les repas. Et les filles, Ariane et Claire ? Ben, elles bossent, et s’occupent de tout le reste, soit 7 enfants à elles deux et tout ce qui va avec !

Ci-dessous, les photos de Seb, Ariane et Nico.

Jour 1 :  Giron (Les Frasses) – Refuge de Borneval – 17,5 km

Tout commence par un réveil matinal (5h20), afin de rejoindre Nico à la gare de Grenoble-Gières pour attraper le train de 7h04 en direction de Genève. Nico arrive à son tour avec une des deux pulkas, la seconde étant chez Damien. Nos chaussures de ski de fond résonnent sur le bitume, seuls les enfants sont en baskets, afin de pouvoir marcher correctement si la neige nous fait défaut (et oui, nous partons confiants !). A la gare de Chambéry, le reste de la troupe – Claire, Damien, Zoé, Adèle et Simon – nous rejoint : nous nous sommes donnés rendez-vous dans le wagon « vélo », envahi ce matin par 10 paires de ski et autant de bâtons, ainsi que 2 pulkas et divers sacs. Arrivés à Bellegarde-sur-Valserine à 8h31, un taxi nous attend pour transporter le matériel et les enfants à Giron.

Nico, Ariane et Claire ne rentrant pas dans le van, poursuivent en stop :

  • un premier chauffeur nous amène de la gare à Saint Germain de Joux
  • un second nous transporte de Saint Germain de Joux à … Saint Germain de Joux : alors que nous sommes  à peine assis dans sa voiture (noire, vitres teintées, sièges rouges) le chauffeur se ravise :
    • LUI : Et donc vous allez où ?
    • NOUS : A Giron, c’est à droite, là-bas à l’intersection.
    • LUI : Giron ? J’connais pas. Mais moi, j’vais pas à droite à l’intersection, j’vais à gauche.
    • NOUS : Ah, bon ben tant pis, nous on va à Giron, et c’est à droite, merci quand même ! On descend alors !
  • une troisième voiture nous laisse dans la montée de Giron, la conductrice nous lance un brin ironique : « C’est bon ici : il ne vous reste maintenant que 10 min de voiture. Si vous ne trouvez personne, je repasse ce soir ! ».
  • une quatrième voiture, pour Ariane et Claire, puis une cinquième pour Nico : des skieurs, rien de plus classiques, qui nous prennent au passage, ayant mal pour nos chaussures !

C’est parti ! Après avoir pris les forfaits hebdomadaires (115 € pour nous 4) aux Frasses, voici nos premières pistes de ski, premières descentes, tout le monde s’échauffe. Puis arrive la première montée vers la Borne au Lion, qui est damée sommairement avec un skidoo. Certains petiots commencent à râler : l’occasion de tester les élastiques (sandow au mètre, 2,60 m) pour les plus jeunes, mais attention à ne pas y prendre gout tout de même, c’est uniquement un secours !  Gaspard et Zoé, eux, sont loin devant. Après un pic-nique rapide car frisquet, à la Borne au Lion qui marquait historiquement la frontière entre le royaume de France et la Franche-Comté (qui était espagnole, et oui c’et un peu compliqué parfois l’histoire de France !), nous repartons sous la neige.

Gaspard, Zoé, et Nico (qui a hérité de Simon à l’élastique) nous devancent définitivement. De notre côté, le faux-plat descendant de la vallée de Bellecombe nous grise, et ce n’est qu’un ou deux kilomètres plus loin que nous nous rendons compte que nous avons loupé l’embranchement nous permettant d’atteindre notre refuge du soir. Nous remontons alors en direction de Borneval. Après avoir tourné en rond, le refuge apparaît enfin : une superbe bâtisse typique du Haut-Jura, ancienne ferme massive, dont l’intérieur et le confort n’ont pas dû beaucoup changer depuis les années 1950 : l’eau de la source, un grand poêle, une cuisine avec une ancienne cheminée, et deux grands dortoirs à l’étage, avec des lits-clots (en forme d’armoires) . Le propriétaire des lieux nous rend visite dans la soirée, nous délivrant quelques anecdotes du coin, puis repart à ski, nous laissant « chez nous » ! Nico et les enfants préparent  le repas ce soir : un festin, composé de « boites-chaudes » (nom local du Mont-d’Or) avec pommes de terre au four, saucisses de Morteau, et pommes au four en dessert ! Le soir, la discussion est animée autour d’un thème central : féminisme, place de la femme dans la société, Sardou s’invite au coin du feu avec « Femme des années 80 », Damien pense que nous devrions faire un crochet pour visiter certains musées, notamment à Saint Claude… Les enfants dorment à l’étage, et nos éclats de rires semblent les intriguer : Zoé nous demandera le lendemain si nous n’avions pas un peu trop picolé, « parce-que-ce-vous-disiez-ne-voulait-rien-dire-du-tout ». Ah bon ?!

Jour 2 : Refuge de Borneval – Gîte de la Grenotte – 32 km

Une belle étape nous attend aujourd’hui. Elle commence dans le brouillard, puis se poursuit sous un soleil de plomb l’après-midi, nous faisant craindre pour la survie de couverture neigeuse ! Les enfants comprennent très vite les règles du ski nordique dans le Jura : les successions de bosses nous donnent l’impression que nous montons constamment, alors qu’à l’inverse les descentes sont tellement vite avalées, qu’elles semblent n’avoir jamais existé…  Le repas est pris au chaud et au sec ce midi, dans une pseudo salle hors sac payante de Lajoux.

Les vitesses de progression sont très disparates entre ceux qui pratiquent le ski de fond régulièrement et les autres. Adèle et Simon sont tractés à l’élastique, alors qu’il faut « briefer » Gaspard et Zoé pour qu’ils nous attendent à chaque intersection importante. Quand à Adélie, tentée dans un premier temps par l’élastique, elle préfère rapidement rejoindre le groupe de tête par ses propres moyens.  Pourtant, l’après-midi, dans la forêt du Massacre, elle n’hésite pas à tester une nouvelle configuration avec Adèle : les deux filles sont tractées à l’élastique par Nico, et c’est une belle partie de fous-rires !

Après passage de quelques routes bien circulantes et ronds-points nécessitant de déchausser, avant Les Rousses, qui contrastent avec la solitude de ces deux derniers jours, nous arrivons enfin au gîte de la Grenotte, situé juste à côté de la piste. Nous avons ce soir un dortoir entièrement pour nous. Le gîte est sympathique, avec son feu de cheminée et ses canapés. Des tas de BD occupent la petite troupe toute la soirée !

Dans la soirée, le concert des ronflements provoquent un mal de tête redoutable qui va durer 24h, pour Ariane, qui va dormir dans le couloir. Le lendemain, la propriétaire du gîte vient la voir : « Ah, vous, j’ai bien compris, vous avez peur du noir, hein ?! Vous avez préféré dormir sous la lumière de l’issue de secours ! ». En effet, quelle horreur cette lumière pile au niveau du visage toute la nuit : quelle idée de mettre une lampe « Issue de Secours » au ras du sol, même si c’est « étudié pour » … Finalement, entre une lumière dans les yeux toute la nuit ou les ronflements, le choix est cornélien.

Jour 3 : Gîte de la Grenotte – Gîte chez l’Aimé – 26 km

Ce matin le regel est excellent, et la vie est belle pour les tireurs de pulkas ! Pour les tracteurs d’enfants aussi, hein Nico ?! Bref, nous avançons vite. Petit arrêt à Bois d’Amont : tandis que Nico se charge des courses avec les enfants qui ne veulent pas le lâcher, nous commençons doucement la montée, avec Simon.

A mi-chemin, la route a été déneigée pour faciliter l’accès du domaine nordique aux véhicules, nous poursuivons alors en forêt par l’itinéraire raquettes jusqu’à la salle hors-sac de Combettes. « En plus d’être « c.. », ils sont « bêtes » dans le coin, pas de bol » nous précisera Gaspard en arrivant.

Mais la petite dame qui nous accueille dans la salle hors-sac est loin d’être bête, ni c… Et son accueil chaleureux reste unique pour une salle hors-sac : elle met en effet à disposition du thé, du café, fait de l’eau chaude sur le poêle. Et une tire-lire en forme de cochon permet de laisser ce qu’on veut pour cet accueil peu courant !

La descente sur les lacs de Bellefontaine et des Eaux Mortes est peu enneigée, et nécessite quelques déchaussage pour arriver chez l’Aimé.

Ce soir nous sommes en gestion libre, et les enfants sont à nouveau invités par Nico pour faire le dessert, nous, les parents, nous nous chargeons du repas (quand même !).

Jour 4 : Gîte chez l’Aimé – Gîte chez Liadet – 24 km

Ce matin, la pluie martèle le velux du dortoir… Les prévisions météo sont catastrophiques : les précipitations vont s’intensifier tout au long de la journée, et le thermomètre ne descendra que dans la soirée. Nico précise à Ariane : « Tu sais, 10 mm en 3h, c’est la pluie que tu regardes de ta fenêtre, et tu te dis que le pain, et bien tu iras l’acheter plus tard à la boulangerie. Tu vois ce que je veux dire ? Ca mouille quoi ! ».

Donc il faut un Plan B : une camionette va venir chercher le matériel, certains petits et certains grands. Les autres continueront « pour la continuité » (!) cette étape qui s’annonce pluvieuse. C’est donc au départ : Damien et Seb sans leurs pulkas respectives, Ariane, Zoé ultra-motivée pour skier sous la pluie (des fois, on ne comprend pas tout quand même : dans le train, au retour quand on lui demandera ce qu’elle a préféré du raid : « Oh ! La journée sous la pluie ! « ), et un Gaspard qui traîne la patte au moment de partir mais qui vient tout de même par solidarité avec Zoé !

C’est parti pour une longue séance de ski nautique. Rapidement, les papas sortent l’élastique, et ça fonce comme jamais ! Ariane, scotchée derrière avec des skis qui collent, peine à suivre ce petit monde…

Petite pause repas à la salle hors-sac de Pré Poncet. Il faut tordre les gants, les gore-tex, pour les égoutter. Le poêle n’est pas suffisant pour nous sécher, alors nous repartons dans nos vêtements mouillés. Mais les 2 jeunots ont la pêche, et le sourire est là ! Petit à petit, la pluie laisse la place à de la neige fondue, et c’est bien rincé que nous arrivons dans notre chalet privatif de « Chez Liadet ».

Grand confort ce soir, nous avons un petit chalet au bord des pistes, tandis que les repas sont pris dans le grand bâtiment commun, dont la façade est recouverte de tavaillons (tuiles de bois recouvrant les façades les plus exposées aux intempéries). Les enfants jouent à des jeux de société, et ce soir c’est l’occasion d’une lecture commune pour Adèle et Adélie, d’un grand auteur, Bernard Clavel, ayant décrit son territoire natal, même pour les plus jeunes, comme à travers cette petite nouvelle qui se lit très rapidement : « L’arbre qui chante ».

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Jour 5 : Gîte chez Liadet – Le Pont (Suisse) – 15 km

Joie ce matin : même si les affaires ont eu bien du mal à sécher, malgré un poêle dont le thermostat a été monté au maximum, dehors il fait beau et 10 cm de neige fraîche recouvrent le paysage !

Nous changeons nos plans initiaux : devant le peu de neige à faible altitude, nous regagnons la Suisse par la montagne et non par les vallées. Au programme aujourd’hui, du hors piste, pour la plus grande joie d’Adélie qui se régale. Nous traçons notre chemin à travers la forêt enneigée, passons la frontière suisse, avant de descendre doucement vers Charbonnières.

Le train part du Pont à 12h54, nous ne traînons pas !

Puis ce sont 4 trains différents, mais ponctuels comme savent le faire les Suisses : Le Pont –> Le Day (Vallorbe), Le Day –> Renens (Lausanne), Renens –> Genève, Genève –> Chambéry, puis Grenoble) qui nous ramènent finalement très vite à la maison en fin de journée !

 

En guise de bilan :

  • des enfants au top, toujours partants, mais aux caractères bien affirmés !
  • des petits pré-ados bien sympas, mais parfois un brin agaçant tout de même, pour leur famille respective !
  • des tracteurs de pulkas qui ont assuré (que ne ferait-on pas pour sa kiné, hein Damien) !
  • un Nico qui n’a jamais failli, entre la gestion des repas et des enfants !
  • des mamans qui ont papoté, tracté, motivé leurs enfants, rouspété, et repensé le monde, et notamment le fonctionnement de la femme dans la société, avec de jolies métaphores de Claire sur les saisons (en gros, pour faire simple, la femme est une « 4 saisons » à elle toute seule tous les mois !).
  • une région de montagnes sauvages, le Haut-Jura, qui nous a donné envie de revenir pour pratiquer du ski nordique (en dehors des pistes),
  • des musées, qui nous auront fait jaser, mais que nous n’aurons pas eu le temps de visiter (mais oui Damien, on reviendra !),
  • des pulkas pas toujours faciles à tracter en montée, mais qui permettent aux autres membres du groupe de skier léger, ou de s’occuper des enfants. Bien penser à prendre des peaux adaptées pour tirer les pulkas dès que le profil devient franchement montant,
  • des hébergements variés, allant du grand luxe au refuge. En s’y prenant 1,5 mois avant la date de départ, nous avons eu du mal à trouver des gîtes avec de la place pour nous accueillir pendant cette période de vacances scolaires. Les gens réservent généralement en novembre. Sur la base des gîtes disponibles, la plupart des étapes était calibrée entre 25 et 30 km/jour, ce qui est un peu long avec des enfants de 8 ans qui font un peu de ski loisir dans l’année, car on ne dispose pas de temps libre pour faire autre chose que du ski (musées, visites, …),
  • cela nous a couté environ 860 euros pour 4 personnes, pour les 5 jours : hébergement avec deux ½ pensions (420 euros), train (204 euros), forfait ski (115 euros), ravitaillement/bar (80 euros), taxi (40 euros),
  • des stats : ~ 120 km de ski, et près de 2000 m de dénivelées en 5 jours,
  • enfin, un parcours qui se prête particulièrement bien à une initiation à l’itinérance à ski avec enfants et à une approche de type mobilité douce (train), en somme, un beau « voyage » partagé en familles, aux portes de la maison !

Ariane.

Nota : un petit film « TSAGA Production » devait illustrer tout cela, mais le caméscope n’a pas supporté l’humidité. Le son n’a pas été enregistré avec les images. Dommage ! On essaiera tout de même de faire un petit montage avec les séquences exploitables…

En attendant, voici le petit montage sympa du Dam’s ici

 

 

8 réflexions sur “GTJ des enfants

  1. Une très belle histoire !! Bravo aux enfants et également aux parents.
    Merci pour ce bel article.
    N’hésitez pas à partager votre histoire, en mettant un lien sur votre article dans notre onglet « Témoignages », rubrique GTJ à ski sur notre site: http://www.gtj.asso.fr.
    L’équipe des Grandes Traversées du Jura

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    • Bonjour,
      Merci pour votre message ! Nous avons beaucoup apprécié le Jura et sa GTJ (bien balisée), qui nous a changé des Hauts Plateaux de notre Vercors.
      Nous ne manquerons pas de laisser un petit mot sur votre site pour résumer les belles impressions de notre traversée, afin de suciter l’envie des familles de s’engager sur ce parcours !
      Mais d’ores et déjà il serait intéressant d’améliorer certaines liaisons en transport en commun, et notamment la desserte entre la gare SNCF de Bellegarde et l’une des extrémités qu’est Giron. Une réflexion pourrait être engagée (si ce n’est déjà fait !) entre la SNCF, le CD de l’Ain et les taxis locaux, afin de mettre en place un dispositif de « transports à le demande » plus flexible, permettant d’améliorer l’accessibilité de l’intégralité de la GTJ ?
      A une prochaine dans votre belle région,
      Ariane

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