Mercredi 2 décembre 2015.
Tranche de vie. En rentrant de l’école ce mercredi midi, alors que tout le monde enlève bottes de neige et salopettes, nous discutons de notre matinée :
– C’était bien l’école ce matin, Titouan ?
– Oui, super bien ! Et toi maman, t’étais où ?
– Je suis allée skier ! Et moi aussi c’était super bien ! Je suis montée sur le Grand Cheval.
– … tu es montée sur un cheval ? Avec tes skis ?
Il marque un temps d’arrêt, et me regarde intensément. A son air mi-sceptique, mi-amusé, les yeux pétillants, j’essaie d’imaginer comment mon petit bonhomme de 4 ans est en train de se représenter sa maman, à cheval, skis aux pieds ! Tous les « héros-super-costauds » peuvent aller se rhabiller, Super-Maman, sur son fidèle destrier, armée de ses skis aux pieds, va vous aplatouiller !
– Mais non, ce n’est pas un vrai cheval. C’est le nom d’une petite montagne au-dessus de la maison, et comme elle est petite, j’ai eu le temps d’y monter deux fois, et de pouvoir faire 2 descentes. J’étais contente, j’ai fait deux Grand Cheval.
– Roooooo… mais non maman, deux grands chevaux, tu sais bien comment on dit !
– Heu, oui. Tu dois avoir raison… Et toi, tu veux le voir aussi le Grand Cheval cet après-midi ?
– Oh ouiiiii !
Depuis la première chute de neige de la semaine dernière, Titouan a déjà skié deux fois, en ski de fond, pour son immense bonheur. L’occasion de lui proposer un peu de ski de rando aujourd’hui, en remontant les pentes de Lans jusqu’où on pourra. Alors sitôt dit, sitôt fait. Tandis que je prépare le matériel, gère les activités des 2 grands l’après-midi, Titouan est dans les starting blocs, skis aux pieds dans le salon « on y va ? on y va ? on y va ? »..
Et là erreur fatale.
Toujours anticiper ce qui peut se passer dans la tête d’un petit bonhomme de 4 ans. Alors qu’on est fin prêt les skis aux pieds, au départ de notre montée, corde attachée pour tracter monsieur, il s’arrête tout net, regarde tout autour de lui :
– Il est où le cheval, maman ?
– Ben, là-haut, c’est la montagne !
– Ah ben non, c’est pas un cheval, ça. Tu m’as menti ! Moi je ne veux pas monter sur une montagne, je veux monter sur un vrai cheval ! Bouuhh…
Pleurs du loulou, très déçu. Incompréhension totale de la maman. Chercher l’erreur…
– Bouuuhhh ! BOUUUUHHHH !
Et là il faut réagir vite. Car sur le parking, en ce mercredi ensoleillé et enneigé, tous les morts de faims de ski de rando, qui rongent leur frein depuis le printemps dernier, sont de sortie. Et bizarrement les affamés sont plutôt masculins, alors un gamin qui braille les skis aux pieds dans une station déserte, ils sont peu enclins de chercher à comprendre la situation. Aux regards réprobateurs, j’entends déjà les commentaires « Pfff… Pôv’ gosse ! Qu’est-ce qu’il f.. là ? ».
– Heu, attends Titouan, chut, c’est pas grave… On monte un petit peu, on le verra mieux le cheval ?
– Non.
– T’es sûr ?
– Oui. Y’a pas de cheval là-haut. BOUHHHHHH.
– Bon ben… on ira voir les chevaux au haras si tu veux ?
– Oh ouiiiiiii !
Sauf que tout ça, ça m’a fatigué, j’ai rangé les skis dans le coffre, j’ai fermé la porte de la voiture… et… les clés sont restées dedans, alors on s’est retrouvé penauds tous les deux sur un parking, les chaussures de skis aux pieds.
– Heu… dites m’sieur, heu … vous pouvez nous redescendre en voiture ?
Ben oui, je suis blonde, et en plus j’ai un enfant têtu, mais vous n’aurez à nous supporter que 10 petites minutes … s’il vous plait…
Dans la voiture du monsieur salvateur :
– Dis maman, c’est bien quand on est tous les deux ! Mais…on ira voir les chevaux après ?
– … ?? …
Et dire que mes collègues de bureau pensent que je me repose le mercredi.