Du 11 au 17 août 20118
Où nous roulons au pays des villages de tours médiévales, où nous marchons au pied des géants du Caucase.

Sous l’Ushba, le « Cervin » de la Svanétie
11/08/2018 - De Tsageri à Mele - 59 km - D+ = 1000 m
Après notre journée de pause sous la pluie à Tsageri, le soleil est à nouveau présent ce matin, nous pouvons reprendre la route.
Un grand bravo à Adélie pour cette longue étape de 1000 m de dénivelées et près de 60 km.
Malgré de jolis paysages, la journée reste assez monotone, uniquement interrompue par des monuments géants, à la gloire de l’Histoire géorgienne, comme on peut en voir assez souvent dans les ex-républiques soviétiques. Ces stèles ont remplacé les statues des leaders communistes.
A notre grand étonnement, nous découvrons une statue géante de Staline dans le jardin d’un particulier. Staline était originaire de Géorgie, ce qui ne l’empêcha nullement d’appliquer une répression particulièrement féroce, contre toutes formes d’opposition, dans cette république. Le propriétaire de cette statue étant devant sa maison, nous lui demandons s’il s’agit bien de « celui-dont-on-ne-dit-pas-le-nom » 😉 , il nous répond « Da, da ! Staline, Staline !« . Étant incapables de tenir une conversation en russe ou en géorgien, nous sentons que nous passons à côté d’un éclairage passionné et nostalgique des heures de gloire de la Grande URSS !..

Le boss de l’URSS, d’origine géorgienne
Peu avant Mele, la route goudronnée fait désormais place à une piste grasse et boueuse. Les précipitations des derniers jours ont saturé les sols, et la conduite des vélos dans ces conditions devient TRÈS technique.

La piste boueuse à Mele
Au hameau de Mele, nous nous installons dans une des rares guest-houses, à gauche en arrivant. Les prix sont prohibitifs, mais après cette longue étape nous ne sommes pas en position de force pour négocier quoi que ce soit ! Le lavage des vélos est notre priorité ce soir, car la boue qui s’incruste dans les chaines rend le pédalage inefficace et fatiguant.
12/08/2018 - De Mele à Ushguli, via le Zagari Pass (2620 m)
Ce matin, il se remet à pleuvoir. Bon. Il va falloir prendre une décision. Nous savons que la montée vers le col Zagari se déroule sur une piste très exigeante, et déjà peu roulante par temps sec. Mais là, avec les sols détrempés, la montée nous demanderait au moins deux jours de poussage… Pas vraiment envisageable avec les enfants, surtout avec les étapes conséquentes déjà effectuées les jours précédents. La météo annonce pourtant un changement de temps dans les prochains jours, et le retour du soleil. Même si les prévisions ne sont pas une science exacte dans ces contrées, ça vaudrait peut-être le coup de « tenter » le passage pour découvrir ENFIN la Svanétie qui nous attire comme un aimant depuis le début !
Nous imaginons alors prendre un camion jusqu’au col. Mais faire du stop dans le hameau de Mele est mission quasi-impossible. Le fils des propriétaires de la guest-house nous aide en passant quelques appels téléphoniques à des connaissances. A midi, un Délica se propose de nous avancer jusqu’au col. Un Délica c’est pratique, ça passe partout avec 4 roues motrices, mais c’est tout petit ! Il faut donc optimiser l’espace pour caser les vélos, le tandem, les sacoches, et nous avec !
Après une longue montée inconfortable et difficile pour notre chauffeur, qui s’y reprendra souvent à deux fois pour franchir certains obstacles (blocs, boue, rivières…), nous arrivons enfin au col, ne regrettant pas une seule seconde de ne pas l’avoir pédalé intégralement par ces conditions.

Dépose en Délica au col de Zagari, sous la pluie et le vent
Mais, alors que nous remontons les vélos et les sacoches, nous apercevons au loin, dans la descente, un couple de cyclos et une petite fille accrochée par une barre de traction. Cette famille dans ce décor gris et humide, nous fait l’effet d’une apparition qui s’évanouit bientôt dans le brouillard ! Mais à moins d’être victime d’une hallucination collective, ils sont bien réels. Nous ne les rejoignons qu’à Ushguli, où nous allons tous dormir dans la même guest-house. Il s’agit d’une famille biélorusse, qui effectue le tour de la Svanétie à vélo. Le père est un alpiniste averti qui a gravit de nombreux sommets environnants, il revient ici à vélo pour montrer ces montagnes à sa fille de 9 ans. Ils nous expliquent qu’ils ont monté le col, mais qu’ils n’ont fait que pousser durant plus de deux jours. Vin diou…
En tout cas, nous sommes heureux d’être enfin en Svanétie. Ushguli est considéré comme un village du bout du monde, habité toute l’année, mais accessible seulement quelques mois par an. Devant nous, les premiers glaciers apparaissent !

Premières vues sur les sommets enneigés du Caucase, et la frontière avec la Russie toute proche
13/08/2018 - Glacier du Shkara - 15 km - D+ = 150 m (hors rando)
Victoire ! Le beau temps revient ! Nous restons à Ushguli aujourd’hui, afin d’aller marcher au pied des glaciers du Shkara, avec la famille biélorusse. La vallée se prête à merveille à une approche à vélo. Rouler sans sacoches est déstabilisant pour tout le monde, quelle légèreté !
Nous montons encore de 300 à 400 m de dénivelées, pour atteindre le glacier et la source de la Patara Enguri river, que nous allons suivre désormais durant plusieurs jours à vélo.
En redescendant, nous visitons à vélo les hameaux d’Ushguli, et découvrons nos premières tours médiévales, qui constituent l’habitat traditionnel de la Svanétie. Jusqu’à un passé très récent, elles servaient de refuge lors des invasions, mais aussi d’habitation principale (20 à 30 personnes pouvaient loger là-dedans !).
14/08/2018 - D'Ushguli à Mestia - 46 km - D+ = 550 m
La piste descend jusqu’au pied du col d’Ughviri. Dans les gorges, quelques courts passages sont exposés aux chutes de pierres, et mieux vaut passer assez vite. La boue est toujours présente par endroit, rendant la piste très glissante et piégeuse. D’ailleurs, le tandem glisse brutalement : Titouan, qui est bien accroché dans son harnais, n’a qu’une éraflure au genou, en revanche sa poignée latérale s’est brisée net, sous le choc… Seb s’est pris le guidon dans l’estomac. Une dizaine de minutes plus tard, c’est au tour d’Ariane de chuter lourdement : genoux, bras, tout est contusionné et plein de boue… Décidément ! Nous sommes rarement tombés à vélo ces dernières années, mais aujourd’hui on ne fait pas les choses à moitié.
A partir du col d’Ughviri, la piste fait place à une belle route bétonnée, puis goudronnée jusqu’à Mestia. Mestia, c’est LA « capitale » de la Svanétie, une sorte de « petit Chamonix » caucasien, très touristique car l’accès est facile depuis Zugdidi, c’est le point de départ de nombreuses expéditions sur les sommets alentours.
Ici, tout les habitants font « guest-house », ou « camping », il n’y a pas trop de difficultés à se loger. Pour notre part, c’est en camping que nous choisissons de rester les deux prochains jours. Le contraste entre la solitude des dernières étapes et la foule croisée à Mestia est déroutant, mais c’est agréable de retrouver un peu de confort et des bons restaurants !

Mestia
15/08/2018 - Glacier de Chaalati - 15 km - D+ = 230 m (hors rando)
Aujourd’hui nous retournons marcher, direction le pied du glacier de Chalati, et comme pour celui du Shkara, l’approche se fait très bien à vélo le long de la vallée de la Mestichala river. Toute la vallée est un grand chantier d’adduction en eau potable : tranchées le long de la rivière dérivée, conduites, camions…
Au bout de la vallée, nous quittons le bruit et la possière, pour une très belle rando d’abord en forêt (300 m de D+), puis sur les moraines, nous permettant d’atteindre le pied du glacier.
Au retour nous visitons la Maison de l’Alpiniste à Mestia. Il s’agit de la maison et de sa tour associée, où vécut Mikheil Khergiani, l’alpiniste le plus célèbre de l’URSS, mort en 1969 dans les Dolomites. Il fut surnommé le « Tigre des Montagnes » par la reine d’Angleterre, ou encore le « Bonatti du Caucase ». La maison transformée en musée vaut vraiment le détour. De nombreux meubles en bois sculpté nous rappelle le mobilier du Queyras, dans les Alpes !
En rentrant à notre tente, le propriétaire du camping voisin, vient vers nous avec un livre à la main. Il nous a aperçut visiter la Maison de l’Alpiniste, et pense que nous pourrions être intéressés par son livre ! Il est le neveu de Mikheil Khergiani, et a écrit un livre sur l’histoire de sa famille, et sur les exploits de son ailleuil. Par chance, une version de cet ouvrage a été traduite en anglais. En nous le dédicaçant, il nous raconte une partie de la vie de sa vallée, et nous fait partager un moment agréable de l’Histoire glorieuse de ses montagnes.
16/08/2018 - De Mestia à Khaishi - 66 km - D+ = 400 m
Nous reprenons la route sous un beau soleil et des sommets environnants imposants, comme l’Ushba. Journée en image ci-dessous :
En fin de journée, nous dormons à Khaisi, seul site de bivouac que nous arrivons à dénicher dans ces gorges. Nous nous installons sur un champ en rive droite, qui domine les eaux noires de la rivière, accessible par une passerelle.

Joli bivouac

Rivière noire qui rejoindra… la Mer Noire !
17/08/2018 - De Khaishi à Zugdidi - 70 km - D+ = 350 m
Après une semaine passée dans ce magnifique environnement, nous quittons la Svanétie pour rejoindre les plaines. Nous y serions bien restés une semaine de plus !
La route est bordée de plaques numérotées indiquant le kilométrage restant jusqu’à Zugdidi, ville que nous décidons de rejoindre le soir.
Ces indications kilométriques motivent Adélie et Titouan, qui enchainent de grosses étapes avec de plus en plus de facilité ! Gaspard, de son côté, trouve cela un peu court.
Ça a l’air particulièrement beau cette région!! Toujours un plaisir de suivre vos aventures en différé 🙂
J’aimeJ’aime
Merci ! En effet, il y a de quoi faire de très beaux sommets en alpi (et à ski 🙂 ), même si les glaciers semblent bien bien crevassés ! Mais depuis 5-6 ans, la vallée est de plus en plus touristique et les nouvelles constructions plus ou moins heureuses. Ça ira crescendo dans les prochaines années, avec la route qui progresse vers le fond de la vallée (Ushguli) et qui passera le col pour rejoindre Lentekhi.
J’aimeJ’aime