L’association Mountain Wilderness a pour mission première « de lutter contre l’artificialisation croissante de la montagne afin de préserver des lieux de ressourcement pour l’Homme » . MW agit sur différentes thématiques, en particulier sur la « Mobilité douce ». Ses actions sont multiples, et l’une d’entre elles, même si elle reste symbolique, est de chercher à sensibiliser le public afin d’accéder aux points de départs des sorties en montagne, par des moyens alternatifs à la voiture.
Le concours « Changer d’approche », a été initié en ce sens il y a 9 ans, afin d’éveiller les consciences. L’objectif est de valoriser les sorties en montagne utilisant des moyens de transport alternatifs (transport en commun, mobilité douce…). Bien évidemment, personne n’est dupe qu’il peut s’avérer difficile d’appliquer ce concept de manière systématique à toutes les sorties (et pourtant, on en connait qui s’efforcent de le faire…). Mais ces manifestations ont néanmoins l’intérêt de provoquer des prises de conscience, d’aller vers des réflexes « covoiturage », « transports en commun », « vélo », ou encore de se poser l’ultime question : « mon aller-retour au confins de mon département, ma région, ou plus loin, est-il judicieux ? ». L’honnêteté de la réponse n’est pas acquise !
Comme nous avons le plaisir d’être invité lors de cette soirée dans quelques jours, étant lauréats du concours (bien que nous soyons loin d’être irréprochables sur la notion « changer d’approche »…), c’est l’occasion de parler un peu de Mountain Wilderness. Notamment dans ce contexte particulier qui a marqué l’été et l’automne 2016 dans les Alpes, avec des événements pas nécessairement liés entre eux, mais impactant notre vie quotidienne : à savoir, des pics de pollution répétés depuis l’été (ozone, puis particules fines) durcissant les critères d’utilisation des véhicules à moteur ; puis une venue tardive de la neige en moyenne montagne.
Cette diminution de l’enneigement, chronique ces dernières années, mais aussi la fonte des glaciers impactant les domaines skiables de plus haute altitude, ont une incidence directe sur les économies basées sur le tourisme des « sports d’hiver », en particulier pour les petites et moyennes stations-villages, mais également pour les plus grandes.
Dans ce contexte tendu, menaçant à terme les économies de montagne, la tendance de nos politiciens ces derniers temps semble être au « bricolage » à court terme, et les réflexes d’artificialisation de la montagne resurgissent. A contrario, les réelles prises de conscience sur notre rapport à la montagne à long terme, sont assez rares :
- l’une des premières mesures prises par Laurent Wauquiez (LR), lors de son accession à la Présidence de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes, a consisté à diminuer drastiquement les aides de nombreuses associations reconnues d’utilité publique (en première ligne Mountain Wilderness) ; dans le même temps, le conseil Régional a revalorisé les subventions aux stations de ski pour qu’elles s’équipent de canons à neige afin de « lutter contre les effets du réchauffement climatique » (cf. la Lettre Ouverte de MW : 200 millions pour les canons) : chez nous, la commune de Lans-en-Vercors a ainsi lancé une consultation afin de réaliser une retenue collinaire (avec remontée des eaux par pompage, sur plus de 400 m de dénivelées) permettant d’augmenter la capacité des canons à neige, malgré une situation géographique qui peut questionner : altitudes basses (entre 1400 et 1800 m d’altitude), et climat local relativement défavorable au maintien de l’enneigement (vents du sud),
- dans le même temps, toujours sur le Vercors, le maire de la commune d’Autrans-Méaudre-en-Vercors plaide, de son côté, pour « réduire notre dépendance à la neige » dans un article qui semble prendre le contre-pied de la tendance actuelle de « sauver à tout prix » l’enneigement d’antan à coups de canons ou de projet artificiels pharaoniques,
- enfin sur les autres massifs, les volontés d’interconnexion des domaines skiables (Roc d’Enfer à Morzine en projet, mais aussi réalisation de l' »Espace Diamant » entres Les Saisies – Hauteluce et Megève) et d’expansion sont une constante (cf. extansion du domaine de Chamrousse), mais la palme du dernier projet « d’avenir » imaginé pour nos stations françaises, reviens à Tignes, futur Dubaï en Tarentaise : le « ski-line » de Tignes ! Aux portes du Parc de la Vanoise, un projet de piste de ski couverte, permettant de skier « hors sol », 365 jours par an, et en altitude, est sorti d’une nouvelle « boîte à idées »…

Projet de piste couverte à Val Claret – Tignes (MW)

Val Claret en 2016 (DL)
Pour l’anecdote, quelques photos prises par Papy Langlais, de 1963 à 1967, au niveau du lac de Tignes, avant la création de la station de Val Claret (construction débutée en 1968-69).
Longue vie à Mountain Wilderness pour que nos enfants connaissent à leur tour l’expérience de la wilderness : « Par wilderness, on entend cet environnement d’altitude, où tous ceux qui le désirent peuvent encore faire l’expérience d’une rencontre directe avec les grands espaces, et y éprouver en toute liberté la solitude, les silences, les rythmes, les dimensions, les lois naturelles et les dangers. » Définition extraite des « Thèses de Biella » (1987), site internet de MW.