Mars 2005
Avec : Nico, Sam, Ariane et Seb
En 1998, lors d’une projection (de diapos, eh ! c’était au siècle dernier), nous découvrons ces montagnes alpines bien enneigées, qu’il est possible d’aller explorer ski aux pieds à partir de villages engourdis par l’hiver.
A la fin de l’hiver 2003, nous avions réalisé une traversée bien sauvage entre Nice et Briançon, avec une équipe de copains, pleine d’humour et de bonne humeur. L’idée était de repartir à ski en Turquie, avec le même casting (et une grosse pensée pour Arnaud).
Nous arrivons à Adana (près de la frontière syrienne) via une correspondance à Istanbul. Après une visite express de la ville (notamment pour faire le plein de loukoums !), direction la gare routière pour trouver un dolmus, le mode de transport local. Direction les montagnes du Taurus, avec au menu :
- Le massif calcaire du Bolkar, à partir de Maden,
- Les volcans autour de la Cappadoce,
- Le massif de l’Aladaglar.
Les montagnes sauvages du Bolkar
22 mars, 16 h. Après une première grosse journée de ski, nous redescendonc sur Maden. Aujourd’hui, on a théoriquement rendez-vous avec Anne et Sam, au milieu de nulle part. Personne sur la place du village où trône la statue d’Ataturk à côté des deux R12. On cherche, puis on nous indique d’aller faire un tour à la maison du tchay, le bar local, où l’on ne sert que du thé. Nous ne retrouvons que Sam. Mais où est Anne ? Sam nous apprend qu’elle ne sera pas de la partie, nous croyons à une blague, mais non elle n’est pas là : étudiante en Angleterre, son premier transfert en avion vers la France s’est mal passé à cause d’une otite aiguë, elle est donc restée en France, dommage. Après ces retrouvailles incomplète, voici le début d’une belle aventure.
Hier, nous avons pris la température du massif en parcourant le bout de la vallée principale afin de tester les pentes relativement douces du secteur de Meydan. Les locaux nous avaient prévenus que ce n’était pas une très bonne année pour la neige. Finalement, on arrive néanmoins à chausser les skis dès 1900 m d’altitude, pas trop mal pour une fin-mars. Sans cartes, interdites par les militaires, on fait également connaissance avec les difficultés d’orientation, avec pour seule aide des images satellites glanées sur le web (c’était l’époque pré-historique GoogleEarth !).
Du sommet du Karagol (3200 m), l’immense plateau d’altitude du Bolkar est impressionnant par ses dimensions, probablement un bon spot pour les pratiquants de Kite-Surf ! Dans une bonne neige transfo, on enchaîne les virages et les traversées de lacs, jusqu’aux ruines du refuge de Meydan, verrue architecturale inachevée.
A Maden, nous goutons au plaisir des nuits « chez l’habitant ». Habip et Zeinep en profite pour nous faire découvrir les spécialités culinaires du coin ; vive les tapas du Bolkar !
Réveil à l’appel du muezzin. Ce matin, nous partons à la découverte d’une combe lorgnée la veille, en observant les montagnes faisant face au village. Nous naviguons à vue. Et après quelques conversions, de petits corridors étroits nous donnent accès à ce que nous nommerons le « cirque de la solitude », au pied des grandes parois du Tahtakaya. La vue est magnifique et porte jusqu’au plateau anatolien, situé 2000 mètres plus bas, et l’Hasan Dag, volcan de Cappadoce, de forme parfaitement conique et drapé de neige.
L’accès au sommet du Tahtakaya (3372 m) nous donne accès à une descente ludique à travers combes et passages plus étroits, permettant ainsi de réaliser une belle traversée de cette montagne. De retour au village, on se prend à rêver à de nouvelles descentes, on cherche des passages improbables avec les jumelles, on invente de nouveaux itinéraires …
Nous profitons de la visite dominicale d’Habip et sa femme, au marché local d’Ulukusla, pour rejoindre, avec leur R12, l’axe routier le plus proche. A travers les fenêtres, la vue panoramique embrasse l’ensemble du massif et permet de prendre toute la mesure de cette zone méconnue malgré des possibilités innombrables de parcours à ski. Ils nous déposent à un arrêt de bus. Retour à la civilisation. Et, en route pour l’Hasan Dag…
Le Bolkar est un massif beaucoup moins parcouru que l’Aladaglar. Les possibilités de courses à ski à la journée sont pourtant presque aussi importantes et les paysages n’ont rien à lui envier. Le secteur très alpin du Medetsiz (3585 m), le point culminant accessible notamment depuis le village de Maden, est séparé de l’autre grand sommet situé plus à l’Est, l’Aydos (3 430 m), par un très grand plateau d’altitude s’élevant à environ 3000 m d’altitude. Ce massif a été traversé à ski dès les années 1980 (avec un topo succinct dans le guide Parmentier) et on notera une description beaucoup plus détaillée par Harding de sa traversée à ski en 1990, dans l’Alpine Journal.
Topo rentré sur CamptoCamp : Combe de la Solitude