Une traversée du Vercors…

… du col de Menée au Moucherotte, en ski nordique, tentes et pulkas.

14-18 mars 2015

Avec : Fanny & Vincent, Nico, Laurent, Ariane & Seb.

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Pour nous, tout est parti d’une envie d’arriver à la maison les skis au pied (ou presque). L’envie de parcourir « notre » grand jardin qu’est le Vercors, que nous ne connaissions pas en ski nordique, alors que nous étions allés au nord du cercle polaire. Bref, une faute de goût à réparer très vite !

Quelques caractéristiques techniques de notre périple :

  • Accès :

Bus TransIsère : Lans (7h11) – Gare routière de Grenoble (7h55) – 5,80 €

Train SNCF TER Grenoble-Gap : Grenoble (8h09) – Clelles-Mens (9h14) – 11,50 €

Transport à la demande (en accord avec la SNCF) : Clelles (9h30) – Col de Menée (10h00) – 2,50 €/personne pour Chichilianne + 25 € pour 6 jusqu’au col de Menée

  • Itinéraire :

Trace GPX : ici  tab_GTV_ski

Jour 1 : Lans – Grenoble – Col de Menée – Cabane de l’Essaure

Pas le temps de traîner pour attraper le train de 8h09, le bus n’a pas de retard, mais les 15 min ne sont pas de trop pour passer de la gare routière à la gare SNCF, avec les skis (les nôtres et ceux de Laurent) et notre pulka. Heureusement Laurent (arrivé également en train depuis le Voironnais) nous attend à la descente du bus pour nous aider à tout transporter. Dans le train, nous retrouvons Nico, descendu de la Chartreuse, et arrivé en tram, avec 2 pulkas, ainsi que Fanny et Vincent, venant des contreforts de Belledonne.  Arrivés à Clelles, un accord entre la SNCF et des transporteurs locaux permet de poursuivre son trajet avec un « taxi à la demande ». Nous l’avons réservé quelques jours à l’avance. Seb avait précisé par téléphone que nous étions 6, avec des skis et « 2 petites luges ». En nous voyant arriver à sa voiture avec 6 sacs à dos, et surtout 3 pulkas et leur chargement associé, notre chauffeur prend peur, et surtout a l’impression qu’on l’a pris pour un abruti ! Il refuse donc tout net d’assurer notre transport. Mais pour le rassurer, nous lui chargeons proprement sa voiture, en évitant d’arracher les sièges avec tout notre matériel, un petit arrangement financier est  trouvé au moment de se quitter (au vu de l’état de la route bien enneigée), et tout rentre dans l’ordre. A 10h30, nous démarrons skis au pieds, du col de Menée, notre Grande Traversée … sous la neige !

Après un premier raidillon, c’est le vent des crêtes qui nous accueille. Alors, après avoir parcouru pendant 1h ces crêtes ventées, tout le monde décide de basculer dans le vallon de Combeau plus abrité. A 15h, nous arrivons à la cabane de l’Essaure : un peu tôt pour gouter, un peu tôt aussi pour l’étape du soir. La décision est prise d’aller faire du ski léger dans les combes enneigées dominant le refuge, avant de repartir pour planter nos tentes un peu plus loin. Mais c’est sans compter sur la douce chaleur de la cabane à notre retour (Laurent avait allumé le feu), l’horaire avancé de la journée, la neige qui tombe drue : tant pis pour « l’éthique », nous dormirons au chaud cette nuit, et les tentes attendront le lendemain pour sortir des pulkas ! Le repas du soir est l’occasion de déguster l’excellente confiture de Laurent (avec un secret bien gardé de cuisson spéciale) accompagné du pouding de Nico ! On est repus avant d’aller rejoindre les bas-flancs du refuge, pour une nuit bercée par les ronflements de chacun.

Jour 2 : Cabane de l’Essaure – Peyre Rouge

Le lendemain, premier levé : Laurent. Feu allumé illico, il revient réveiller les 5 marmottes endormies : « Eh, il fait beau dehors ! ». Personne ne bouge, pensant à une mauvaise blague ! Mais si, une belle éclaircie (la seule de la journée) permet d’admirer le Mont Aiguille durant une demi-heure, avant le retour de la neige. La journée est rythmée par la présence des cabanes et abris de berger (Chamousset, Chaumailloux) qui nous permettent de nous abriter pendant nos pauses goûter / repas. Les descentes sont l’occasion pour ceux qui maîtrisent (Nico, Vincent) la conduite de pulkas sur neige, d’envoyer de belles courbes en télémark. A Chaumailloux, plus de 20 cm se déposent en une heure, faisant disparaître nos skis restés au sol, et transformant nos pulkas en vagues formes blanches perdues dans le relief. La présence du GPS prend ici tout son sens, et c’est littéralement « en suivant la petite flèche » de l’écran que nous arrivons à la cabane de berger de Peyre Rouge. La neige tombe drue, même si les températures ne sont pas extrêmes. Tout est fermé, et un panneau indique « Propriété Privée ». Pourtant, à l’étage, une porte est entrouverte, simplement maintenue par une petite corde. Laurent escalade l’étage en premier, soutenu par Vincent, Nico et Seb. A l’étage, une pièce recouverte de paille au sol. Nous sommes conscients que notre présence ne doit être que tolérée dans ce lieu. Nous prenons le décision de nous abriter le temps du repas, et plantons les tentes dehors pour y passer la nuit. Une vieille porte à l’étage, appuyée contre un mur, permet de réaliser un plan incliné, facilitant les montées et descentes entre notre cuisine à l’étage, et nos chambres à l’extérieur ! Nous passons une excellente soirée animée par les blagues de Vincent, puis une douce nuit, sans vent. La température descend à l’extérieur en dessous de -10°C, à la faveur du rayonnement nocturne lié au ciel enfin débarrassé de ses nuages.

Jour 3 : Peyre Rouge – Tiolache du Haut

C’est fois-ci, il fait beau, pour de vrai. Une superbe journée pour profiter enfin des panoramas uniques des Hauts Plateaux, à travers la plaine de la Queyrie, puis vers le Mont Aiguille et le Grand Veymont. Le massif du Vercors émerge telle une île au-dessus d’une mer de nuages immense. La température monte dès que nous passons à l’abri du vent. La pause de midi se fait près de la source de la Fontaine des Serrons, qui coule faiblement. L’occasion de faire sécher les duvets au soleil, car la nuit, dans la tente, la condensation est telle que les affaires sont très humides le matin. La nuit suivante, le fait d’entrouvrir la double toit a permis de conserver les affaires un peu plus sèches. A partir de la Fontaine des Serrons, notre itinéraire rejoint le tracé du GR91. A partir de là, nous ne ferons plus la trace dans la poudreuse. Nous croisons un groupe de pulkas en sens inverse, puis le lendemain, une raquetteuse tirant une pulka impressionnante par sa taille. Nous rejoignons ensuite Tiolache du Haut, en recherchant un endroit abrité de la brise du soir pour planter nos tentes. A l’abri de la forêt, la température est même relativement douce, nous permettant de passer la soirée dehors, sans grelotter. A nouveau, Vincent nous régale de ses blagues !

Jour 4 : Tiolache du Haut – Corrençon – Vallon de la Fauge

On démarre ce matin par la descente du canyon des Erges. Quand on maîtrise moyennement la conduite de pulkas, ça peut devenir assez sport, un brin « warrior », comme dirait une collègue de Nico, « effarée » par notre petite traversée de ce grand jardin qui entoure Grenoble ! La plaine de Darbounouse nous offre un des derniers point de vue dégagé avant la forêt. Des empreintes suspectes nous font penser à des traces de loup, les observations étant nombreuses dans la région. Ensuite, on entre définitivement sous le couvert forestier, et pour qui n’aime pas être enfermé, cette portion est relativement monotone. Pause repas à la cabane de Carrette, c’est la dernière fois que nous apercevons le soleil, avant de passer sous la mer de nuages, puis on arrive doucement à la civilisation en croisant les pistes du domaine nordique de Corrençon. Au foyer, Laurent, Fanny et Vincent terminent leur traversée, allant chacun rejoindre leurs enfants. C’est la femme de Laurent qui assure la navette en voiture. De notre côté, avec Nico, nous poursuivons notre route. Sous la grisaille de la mer de nuages, le visibilité devient très limitée, dire qu’il y a à peine quelques heures, nous avions trop chaud au soleil !

Commence alors une partie de la traversée du Vercors qui nous a particulièrement plu (chez TSAGA en tout cas, car Nico de son côté, semblait peu apprécier la tournure que prenait cette fin de traversée, mais bon compagnon, il a tenu jusqu’au bout, savourant le coucher du soleil le lendemain au Moucherotte en unique récompense !). Côté ski, le tronçon Corrençon- Moucherotte n’a pas grand chose d’exceptionnel, en revanche ce contraste entre le côté sauvage des Hauts Plateaux, et l’arrivée dans la civilisation (en période de vacances scolaires qui plus est) en font une expérience peu commune, et c’est ce côté décalé qui en fait un excellent souvenir ! Déjà, il faut trouver le chemin le moins stupide pour traverser la station d’alpin de Villard-Corrençon. De notre côté, nous n’avions plus grand chose à manger, notre itinéraire devait donc passer par la galerie marchande de « Cote 2000 » pour acheter un paquet de pâtes et des saucisses. Et oui, comme nous sortions de la Réserve des Hauts Plateaux, dans laquelle le feu est interdit, nous rêvions d’un petit feu le soir pour égailler une soirée qui s’annonçait cotonneuse, enveloppée dans un épais brouillard ! Ensuite, il faut traverser les Glovettes. Ce soir là il faut s’imaginer un brouillard à couper au couteau, et tout à coup, alors que nous avons le nez collé à nos spatules, surgit une masse gigantesque de béton, une barre de 300 m de long à franchir. Le problème, c’est que cette muraille ne présente aucun point de faiblesse, aucun passage permettant de passer aisément avec des pulkas, pour aller du sud au nord. L’idée nous vient rapidement de « passer à travers ». Comme nous ne pouvons pas décemment dynamiter l’ensemble pour créer une brêche, nous demandons à des occupants de l’immeuble, de pouvoir emprunter leurs escaliers afin de « remonter » à la « surface, au nord. Le « non » catégorique et le flots d’arguments sécuritaires qui nous tombent dessus (code, clé, digicode, etc..) nous laissent perplexes quand au degré d’empathie du vacancier moyen envers les activités hivernales qui sortent des sports d’hiver plus classiques… Difficile pour eux de nous ranger dans une case : nous sommes crasseux, avons un équipement qui ne ressemble à rien, sauf peut-être à des raveurs(1) s’étant plantés de saison. Bref, inclassables, donc méfiance ! Nous n’insistons pas, ayant repéré un escalier de service miraculeusement ouvert. Un couloir étroit nous mène à une cage d’escaliers qui nous permettent, quatre étages plus haut de sortir par une sortie de secours : ouf, de l’air ! Nous n’avions jamais skié ce type de « couloirs » avec des pulkas ! Après avoir traversé Les Clots, nous nous arrêtons dans le vallon de la Fauge.

(1) En référence à l’Hadra, organisé à Lans jusqu’en 2014, festival international de musique trans, et rave-party géante mais à tendance « éco-gérée », illustrée par TV Vercors ici : http://vercorstv.wmaker.tv/embed/678/

Jour 5 : Vallon de la Fauge – Moucherotte – Lans

Le levé est tardif ce matin, et le brouillard toujours présent. Au moins, nous sommes motivés pour rapidement prendre de l’altitude et sortir au soleil au-dessus de la mer de nuages. Après une courte partie « sanglier », nous rejoignons la Conversaria, pour suivre en pente ascendante les prairies de Machiret jusqu’au Allières. Encore une courte traversée du stade de neige de Lans, et nous débouchons au dessus des nuages, avec toujours en pareil cas un sentiment d’émerveillement. Les polaires tombent une à une, la chaleur est bien là. Courte pause au habert des Ramées, et tandis que se prépare un superbe coucher de soleil nous remontons tranquillement au Moucherotte pour être aux premières loges du spectacle qui s’annonce. Le Moucherotte accueille comme chaque jour son lot de skieurs de randos, nos pulkas dénotent un peu dans le monde « de la glisse », le vrai ! Descente aux dernières lueurs par la Combe de l’Ours.  A Saint-Nizier, les avis sont partagés pour rejoindre Lans : continuer à skis de nuit jusqu’à la maison, ou bien se laisser tenter par un coup de stop, et profiter de ce temps gagné pour aller fêter notre traversée au resto ? C’est la deuxième option qui l’emporte, et le hasard fait bien les choses, c’est Philippe C. qui nous prend en stop en rentrant du boulot et en nous racontant ses aventures solitaires en ski-pulka en…Terre de Baffin !

La soirée se termine au Camp de Base de Lans, adresse exceptionnelle pour fêter 5 jours de skis. Son patron est au petit soin, et rend notre point final encore plus savoureux. Une adresse à ne manquer sous aucun prétexte à Lans, au retour de montagne.

Et si vous êtes arrivés jusque là, et que vous n’en n’avez pas marre du ski nordique, alors vous pouvez continuer avec … 32 min de film, rien que ça !

 

 

 

 

 

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