Y’a l’feu au lac !

Les rives péruviennes nord-est du lac Titicaca, du 9 au 13 juillet 2015.

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Contrairement à nos amis helvètes, qui n’hésitent pas à annoncer qu’il « n’y a pas le feu au lac » pour ne pas se presser et prendre le temps de vivre, nous, de notre côté, nous n’avons pas eu trop de temps pour atteindre la frontière bolivienne depuis la ville de Puno !

En effet, le passage par la rive Nord-Est nécessite un « visa » délivré à Puno, qui oblige de rejoindre la ville frontière bolivienne, Puerto Acosta, en 5 jours maximum, ce qui est très peu (avec des enfants, et notamment Titouan qui veut absolument faire ses km de draisienne quotidiens…) pour faire les 200 km séparant ces 2 villes, principalement sur pistes, comportant des montées courtes, mais pouvant être raides…

Tout d’abord, pour rejoindre Puno au bord du lac Titicaca, depuis Cusco, à 350 km plus au sud, il a fallut faire des choix, entre le fait de privilégier la continuité à vélo coûte que coûte, ou bien l’intérêt/sécurité cyclopédique familial, en tenant compte de la durée « limitée » de notre voyage.

Deux alternatives s’offraient alors à nous :
– soit rejoindre Puno à vélo par la route principale, composée de longues « lignes droites » à faible dénivelée, mais très empruntée par des véhicules lancés à pleine vitesse ;
– soit rejoindre Puno en transport en commun, et faire le tour du lac Titicaca par un itinéraire moins emprunté, en suivant les pistes du nord et de l’est du lac.
C’est la deuxième solution que nous avons privilégié.

Nous mettrons les cartes de nos itinéraires à jour un peu plus tard, mais voici un « zoom » de notre parcours entre Puno et La Paz :

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6 au 8 juillet 2015

En arrivant à Puno, la recherche d’un hébergement n’est pas simple, nous avons deux noms d’hôtel, correspondant au « standing » que nous recherchons, i.e. un peu de confort, mais à prix raisonnable, et acceptant les vélos. Mais pour les trouver, nous n’avons ni plan ni adresse. Il fait nuit, mais la ville est le siège d’une activité intense, et la circulation est dense. Après avoir jeté un œil à l’hôtel Uros, adresse de cyclos, que nous trouvons sombre et sans charme, c’est à l’hôtel Totopani que nous nous installons finalement. Il faut porter les vélos pour traverser le petit hall d’entrée recouvert d’une moquette rouge très propre, que nous ne voulons pas détruire lors de notre passage !

Nous installons les vélos au fond de la petite salle à manger, près de la cuisine. La petite pièce n’est pas prévue pour cette utilisation de « garage à vélo », mais le gérant est très conciliant, et accueille notre chargement avec bienveillance !

Luxe suprême, la chambre possède un chauffage, nous l’apprécions à sa juste valeur, notre arrivée dans la région coïncidant avec une vague de froid sans précédent, qui fait la une des journaux locaux. Et la douche est chaude, très chaude !

Nous devons prendre le bateau pour rejoindre Llachon, sur la péninsule de Capachica, soit 1h30 de traversée. Mais un avis de tempête, et un arrêté de la capitainerie interdit toute sortie de bateau hors de la baie. Nous profitons de ces deux jours de « repos forcé » pour visiter les alentours :
– tout d’abord un tour en pédalo au port de Puno : en effet, il faut garder la forme pour le vélo, rien de tel qu’un petit entrainement ! Les pédalos sont très stylisés : des gros canards géants, des cygnes, etc… Mais nous essayons également les taxis-vélos, sorte de pousse-pousses locaux


– une visite à un jeune artiste péruvien hors norme au hameau de (à 6 km à l’Est de Puno), surpris par notre arrivée, mais qui accepte avec gentillesse de nous faire visiter son atelier-galerie-habitation, sorte de cabane géante, accolée à la falaise, transformée en bateau de totora géant, le totora étant le roseau emblématique du lac Titicaca. On peut admirer ses oeuvres en totora et ses tableaux, sur trois étages de « cabane » avec une vue imprenable sur la lac. Une belle visite improvisée, qui nous a tous séduite !


– le site de Sulestani (à une trentaine de km de Puno), constitué de tours funéraires pré-incas et incas, surplombant un lac. Un superbe site !

9 juillet 2015

La météo nous permet de prendre le bateau ! Ce matin, ce fut la course pour Seb, dans les dédales de l’administration péruvienne, afin d’avoir le fameux tampon, nous permettant de quitter le Pérou dans 5 jours, top chrono !
1. Refaire tamponner les cartes d’entrée sur le territoire (à ne pas perdre) à la police judiciaire péruvienne (dans le palais de justice situé sur la place d’Armes) avec le jour exact du départ (nous avions fait tamponner avant d’apprendre l’interdiction de naviguer),
2. Faire tamponner à la « Migracion » (située dans une petite rue, à proximité de la Place d’Armes) pour avoir le tampon du jour de départ sur le passeport, date de démarrage du compte à rebours de 5 jours!
La traversée est prévue normalement pour 1h30, nous mettrons finalement 3h, dans un bateau crachotant et toussotant. Nous avons 5 gilets de sauvetage, mais il faudra insister fortement au départ pour avoir de la ficelle supplémentaire, afin de réaliser des « entre-jambes » pour Titouan et Adélie, les gilets d’adulte n’étant pas du tout adaptés à leur taille, et donc totalement inutiles en cas de chute dans un lac à une dizaine de degrés C… Mais après un rapide bricolage, ils ont des gilets à peu près ajustés !…

Nous traversons les îles Uros, sans nous arrêter. Ces îles flottantes en roseaux (totora), vestige d’une antique tradition perdue du peuple de pêcheurs, les Uros, sont aujourd’hui des sortes de verrues touristiques, posées à quelques encablures de la ville moderne de 100 000 habitants, qu’est Puno.

Les îles Uros constituent donc une immense ville flottante en roseaux, dédiée au tourisme, et une manne financière certainement importante. Toutes les structures sont réalisées en roseaux, des cahutes à souvenirs aux fameux bateaux en roseaux… à l’exception des habitations des péruviens (en tôle) et de leurs bateaux de pêche et de transport (barques à moteur).

En effet, les bateaux en roseaux (balsa de totora) ne sont plus vraiment utilisés par les pêcheurs, qui naviguent sur de jolies barques à rames ou à moteur. Notre capitaine tient tout de même à nous arrêter au bout de 2 heures de navigation sur un minuscule îlot de totora (île Titino). Nous avons droit à une petite visite d’une famille, déguisée pour l’occasion en habit pseudo-traditionnels pour les touristes de passage que nous sommes. Nous restons quelques minutes, avant de reprendre le large, décidément absolument pas conquis par tout ce folklore sans âme.

Nous accostons en milieu de journée sur un minuscule ponton, à l’Ouest de Llachon. Nous saluons notre capitaine qui retourne à Puno, et nous pédalons jusqu’à la plage de Chiffron, lieu de notre bivouac du soir.

10 juillet 2015

Une belle étape de pistes entre Chiffron et Escallani. La piste en balcon nous permet de découvrir de jolies anses. Elle s’écarte ensuite du lac. Nous cherchons en fin de journée, à planter la tente à proximité d’habitations, les plages n’étant pas accessibles avec les roseaux. Mais les habitants ne sont pas spécialement enthousiastes de nous accueillir près de chez eux. Nous finissons donc dans la cour de l’école de Ccasta, présentant un beau champ d’herbe propre, et des tas de jeux ! Le gardien vient nous rendre visite le soir, nous conseille de fermer à clés le portail derrière lui, et nous voilà chez nous. Il nous apporte même un bidon d’eau, l’école n’ayant pas d’eau courante, hormis une citerne fermée à cause du froid.

11 juillet 2015

Ce matin le réveil est glacial, c’est l’une des nuits les plus froide de notre voyage (-10°C ?), et encore une fois, nous nous sommes laissés surprendre par le froid, la nuit précédente ayant été froide, mais sans être extrême.

L’étape du jour est longue et sans réel charme, il s’agit d’une étape de liaison, permettant d’atteindre la rive Est du lac, en passant par la ville de Huancané. A la fin de la journée, après une dizaine de km de piste, nous commençons à chercher un endroit pour planter la tente. Dans un hameau, on nous fait encore une fois comprendre que plus loin, c’est mieux. Décidément, l’accueil sur le Titicaca n’est pas des plus chaleureux. Nous attaquons une rude montée en fin de journée, avant d’arriver au village de Jacha Paru. A l’entrée du village, on se fait encore une fois « jeter » comme des malpropre, avec ce geste de la main désormais bien connu « la bas, plus loin, c’est mieux« . Sauf que le soleil vient de disparaitre derrière les reliefs, et que le froid est mordant.

Un ou deux kilomètres plus loin, au centre du village, devant le froid glacial qui nous saisit, nous ne demandons l’autorisation à personne, et nous plantons en urgence la tente au milieu d’un petit champ, cerné de plusieurs habitations. Les habitants, d’abord médusés et nous observant derrière leurs murs, puis de loin, viennent petit à petit à notre rencontre. De notre côté, nous sommes confiants, une fois toutes les sacoches déposées des vélos, et la tente quasiment montée, impossible de nous déloger à présent ! Les villageois sont curieux, bien que distants, mais quelques mamas viennent s’inquiéter de la présence des enfants, la nuit dans la tente, et viendront vérifier au petit matin l’état de conservation de la famille !

12 juillet 2015

Nous sommes épiés jusqu’à notre départ le matin. Finalement, la nuit n’aura pas été aussi froide que prévue par nos voisins locaux ! Et dès que le soleil apparaît, la température se réchauffe instantanément, nous permettant de rester en T-shirt (à manches longues, tout de même !).

De nombreux panneaux jalonnent la piste, avec des messages explicites, qui éclairent mieux l’accueil parfois glacial que nous rencontrons : le lac n’est pas à vendre, les étrangers et les projets d’aménagements ne sont pas les bienvenus. Les campésinos semblent se battre pour défendre leur cadre de vie somptueux, et c’est tant mieux !

Une belle étape sur des pistes en balcon. Mais au regret des enfants, nous ne profitons pas réellement des plages, les accès étant impossibles à vélo, et le temps étant compté pour rejoindre la frontière bolivienne. C’est très frustrant pour eux qui rêvent de jouer près de l’eau…
Nous dormons à nouveau à proximité d’habitations ce soir. Un joli petit champ, véritable promontoire attire notre attention. Une famille est dehors, et nous salue avant des grands sourires, ce qui est plutôt de bon augure ! Ils comprennent tout de suite notre demande de planter la tente, et nous amènerons même une couverture supplémentaire le soir. Quel accueil pour une fois ! A nouveau,  ils ont très inquiets de nous voir passer la nuit dehors au froid, surtout avec des enfants, malgré nos explications et le détail de notre matériel de couchage. Pourtant, ce sera l’une des nuits les moins froides (-3°C) autour du lac !

13 juillet 2015

Stress, stress, stress ! Dernière étape, il faut faire tamponner nos passeports avant la fermeture de la douane en Bolivie ! Nous passons le poste frontière péruvienne, simple tronc d’arbre posé en travers de la route. Il est midi, le douanier ne sait plus vraiment quel jour on est, nous devons lui rappeler la date du jour. On est les premiers à passer aujourd’hui et on comprend mieux pourquoi. Il nous indique qu’il y a moins de 10 passages par semaine sur ce poste frontière !
Il ne nous reste pas beaucoup de kilomètres pour atteindre la Bolivie, mais ce sera notre étape la moins roulante. A la frontière proprement dite, indiquée par une borne « Pérou – Bolivie », il n’y a pas âme qui vive. Seul un village fantôme, soit-disant repère de contrebandiers…

La piste descendant à Puerto Acosta, en Bolivie, sera particulièrement complexe pour le tandem « à 3 », car chargé de Titouan à l’avant qui refuse tout net de monter dans la remorque lorsque ça bouge trop, et d’Adélie à l’arrière, perchée sur le porte bagage ! Une vraie descente de VTT, dans des cailloux qui roulent sous les roues (des « grosses » billes sur un escalier, dixit Seb), et seulement 30 min devant nous avant la fermeture des bureaux de la Migracion !

Nous arrivons in extremis, devant le bureau, pour lire sur la porte que l’heure de fermeture est … 18h30 ! Mais avec l’heure de décalage horaire entre Pérou et Bolivie, nous ne savons plus vraiment l’heure qu’il est, l’essentiel est que le bureau soit ouvert ! Bref, quelques minutes plus tard, nous avons notre précieux sésame, la tension redescend… Surtout pour Seb, qui nous aura stressé toute la journée, pour arriver à l’heure… grrrr…

Compte tenu de l’heure avancée, nous décidons de dormir à Puerto Acosta. Difficile de planter la tente quelque part, nous atterrissons dans l’unique Hostal de la ville (Alojamiento du 5 novembre) qui est comment dire… pourri ? Oui c’est ça ! Literie sale (nous dormirons dans nos duvets), sanitaire encore plus sales (le petit pipi se fera dehors ! Pas pratique avec Titouan qui commence une diarrhée aiguë…), chambre glaciale, le tout pour un prix exhorbitant (100 Bol. la nuit) !

Nous sortons dans le rue où souffle un vent glacial, à la recherche d’un petit restaurant. Sur la place centrale, trois minuscules boutiques font office de restaurant, avec une table unique à l’intérieur. Nous entrons dans la troisième : l’ambiance est saisissante ! 1 table, 2 bancs, 3 feux sur lesquels cuisent des grandes marmittes, une grande bassine où trempe une vaiselle sale. Nous commençons à faire demi-tour pour ressortir, mais c’est sans compter sur les immenses sourires de la cuisinière et de son mari qui épluche des oignons dans le fond ! Impossible de leur faire l’affront de tourner les talons ! Nous nous installons ! L’homme qui est à l’épluchage s’avère tout de suite très agréable et cultivé. Il est en fait douanier, mais ne travaille pas aujourd’hui, c’est pourquoi nous ne l’avons pas rencontré lors de notre passage, quelques heures plus tôt.

Sur son téléphone portable, il « collectionne » les photos de cyclistes qui passent la frontière ! Il nous les montre, et nous retrouvons l’anglais avec son fat bike, coincé 3 semaines à Cusco pour une casse de pédalier ! Il souhaite nous photographier le lendemain matin et nous aurons le droit à nos portraits devant nos « bicicletas » !

2 réflexions sur “Y’a l’feu au lac !

  1. Quelles aventures!!! Bravo les amis. J’admire la détermination de chacun d’entre vous, spécialement Titouan! Que de paysages magnifiques et de belles rencontres…dommage que les péruviens ne soient pas plus accueillants!
    Est-ce que les enfants parlent espagnol?
    PS: Nous avons pris possession de notre Pino vendredi dernier! Hase nous a fourni gracieusement un collier de renforcement qui se fixe au joint du cadre pour prévenir les fissures. Demandez moi une photo si ça vous intéresse?

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    • Salut ! Merci pour tes encouragements, et profitez bien de votre nouveau Pino ! De notre côté, nous ferons dans quelques temps un retour d’expérience sur cette belle « machine »… qui a aussi ses points faibles ! OK pour une photo du collier, mais de notre côté, nous avons un « poids plume » sur l’avant du tandem qui sollicite moins le cadre (enfin, pas mal de plumes tout de même, surtout dans les montées !).
      Petite méprise sur les péruviens, nous nous sommes certainement mal exprimé : loin de nous l’idée de « cataloguer » toute une population, qui nous accueilli avec bienveillance partout… sauf sur quelques dizaines de kilomètres au bord du lac Titicaca…
      Bonnes aventures !
      Ariane.

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