Le tour de l’Ausangate (6384 m) du 29 juin au 4 juillet 2015
Visible de Cusco, l’Ausangate est le point culminant de la cordillère Vilcanota (et de tout le sud du Pérou), à 6384 m.
Nous souhaitions initialement traverser ce massif partiellement à vélo, en réalisant l’approche sur route en vélo, puis en mettant les vélos sur des chevaux dans la partie « trek » jusqu’à Phinaya (au bord de la laguna Sibinacocha), avant de poursuivre sur la route au sud (jusqu’à Sicuani) pour rejoindre le lac Titicaca à vélo. Mais nous nous sommes rendus compte qu’organiser cette petite expédition en quelques jours était délicat, car même si nous aurions réussi à convaincre les arrieros (propriétaires des chevaux) de mettre les vélos simples sur les chevaux, le tandem posait un problème d’encombrement, même une fois démonté.
Nous avons donc fait ce magnifique trek à pied, en laissant tout le matériel « vélo » à Cusco. L’idée était de traiter en direct avec un arriero, afin de partir avec lui et ses chevaux, sans passer par une agence de trek local à la logistique plus complète (cuisinier, …) mais dont le coût par personne équivaut à ce que nous avons payé pour l’ensemble de la famille (650 soles soit environ 180 euros pour 5 jours, avec un « chief arriero » et 3 chevaux).
29 juin 2015
Nous arrivons en milieu de journée à Tinqui (Tinke), par le bus de Cusco (départ du Colliseo toutes les 1/2 h le matin, 10 soles par pers.). Les renseignements pris à Cusco (à l’assoc. South American Explorers, sis 847 avenida Pardo) nous permettent d’aller taper directement à la porte de Juan Villagra (tel. 974341837), propriétaire du petit hostal El Nevado qui se trouve facilement, car situé dans la rue principale. Juan est jovial et, même s’il est surpris de nous voir arriver chez lui à l’improviste, il semble très heureux de notre présence ! Il comprend immédiatement notre demande de partir assez rapidement pour faire le tour de l’Ausangate, de manière légère. Nous lui montrons les réserves de nourriture que nous avons pris pour 5 jours. Nous n’avons pas besoin de cuisinier. Il appelle un arriero qu’il connait car celui que nous avait conseillé n’est pas disponible. Nous patientons dans sa maison, tandis que Thomas Hualla Merma (tel. 974305562) arrive au bout d’une demi heure. Thomas affiche également un large sourire, et est efficace tout de suite : il estime qu’il devra prendre 3 chevaux pour notre chargement. Il propose de compléter nos courses par du sucre, des pâtes, et du fromage qu’il fait lui-même dans son estencia. Rendez-vous est pris pour un départ le lendemain matin. Même si nous aurions pu partir dès le début d’après-midi, on passera une nuit à Tinqui pour parfaire notre acclimatation à 3800 m, la prochaine nuit aux sources chaudes d’Upis étant à plus de 4400 m d’altitude !
En attendant, nous nous installons chez Juan, qui possède quelques chambres (15 soles/lit) . Il nous propose de faire un tour vers un étang au-dessus du village dans l’après-midi. Il possède un mini-van Wolsvagen Combi (et aussi une coccinelle !), bien remisé sous des bâches au fond de son jardin. Ce véhicule, qui serait véritablement un véhicule de collection chez nous, est « bichonné » par son propriétaire, qui l’astique au chiffon pendant que nous nous préparons.
Juan a une demande qui nous étonne au premier abord : il souhaite par-dessus tout que nous fassions des photos tous ensemble, avec les bonnets et ponchos réalisés par sa femme en laine d’alpaga, devant la laguna. Devant sa spontanéité, son immense enthousiasme de nous conduire toute l’après-midi, et son rire communicatif, nous nous prêtons au jeu « du costume » !
Avoir les photos, de la journée autour de Tinki, pour Juan, et du trek pour Thomas, semblait important pour eux, qui nous les ont demandé à plusieurs reprises. De retour à Cusco, Seb ira faire imprimer ces photos qui seront récupérées à l’auberge Estrellita par Thomas, de passage à Cusco, quelques jours plus tard.
Après la laguna, Juan nous emmène dans sa petite « exploitation » : dans une petite maison en adobe, il élève des cochons d’inde, des cuys (qu’il faut prononcer « couille », et ensuite ignorer les rires graveleux des enfants…). Sa femme nous accueille. Dehors, des pommes de terre sont étalées par terre. Elle sont noires et mouillées. Il s’agit d’un procédé de conservation séculaire : les pommes de terre sont soumises à un cycle de trempage, gel, puis séchage au soleil. La peau noircit, puis est enlevée à la main. La pomme de terre se garde ainsi « indéfiniment ». Les enfants aident Juan a « peler » à la main les pommes de terre, dont la peau noire se détache toute seule, en-dessous, elles sont intactes. Un procédé de lyophilisation déjà utilisé à l’époque Inca !
30 juin 2015
Nous retrouvons Thomas au hameau de l’école d’Upis à 4150 m d’altitude. Thomas a une demi-heure de retard, mais de notre côté, nous nous rendons compte que les deux sacoches à vélo qui contiennent l’ensemble de notre nourriture pour les 5 prochains jours, ont été oubliées chez Juan… Après un coup de téléphone à Juan, celui-ci envoie une moto à notre rencontre, qui nous les livre… au moment même où Thomas apparaît avec ses trois chevaux. La tension redescend, nous pouvons enfin charger les chevaux et partir sereinement !
L’étape d’aujourd’hui est courte, nous nous arrêtons aux sources chaudes, après 2 h de marche. L’endroit est paisible, les enfants ont toute l’après-midi pour jouer et s’acclimater doucement, car les étapes des prochains jours seront plus longues !
1er juillet 2015
Nous quittons le site de bivouac pour une splendide journée, dans des paysages qui changent tout le temps, dominés par les glaciers de la face nord de l’Ausangate. Nous passons un premier col d’Arapa à 4710 m, avant d’atteindre le plus haut lac Pucacocha à 4800 m qui sera notre lieu de bivouac pour la soirée, dominé par des glaciers très impresionnants.
2 juillet 2015
Ce matin, nous partons un peu plus tôt, même s’il est difficile de faire lever les enfants avant le soleil. En effet, une fois que le soleil apparaît, la température se réchauffe instantanément, mais avant cela, le froid est glacial.
Après un premier col à 4900 m, nous redescendons en fond de vallée (4630 m) pour attaquer la grosse montée du trek, qui nous permet de franchir le Paso Palomani à 5100 m. Les enfants sont remarquablement bien acclimatés, et même si les 100 derniers mètres sont plus difficiles pour Adélie, les 3 enfants courent dans la descente du col, comme s’ils étaient à 2000 m d’altitude. Le fait que les chevaux impriment un certain rythme expliquent aussi pourquoi Gaspard et Adélie marchent de manière aussi régulière. Ils arrivent également a bien communiquer avec Thomas, entre geste et quelques mots d’espagnol. En fin de journée nous remontons de 4450 à 4600 m jusqu’à l’emplacement de bivouac, peu avant le hameau de Jampa (prononcer [Kampa]).
3 juillet 2015
Le temps a changé ce matin : il fait froid et le soleil est masqué par des nuages. Nous remontons la vallée jusqu’au col de Jampa à 5050 m d’altitude. Le vent froid démotive Adélie, nous la faisons monter sur un des chevaux pour les 150 m restant pour franchir le col. Ce soir nous devons dormir à la laguna Comercocha à 4600 m. Mais à la pause du midi à la laguna, il fait assez froid, et il commence à neiger. Thomas nous explique à de multiples reprises qu’il est préférable de faire une plus grosse étape aujourd’hui, et de dormir plus bas au sources chaudes Pacchanta à 4300 m. Nous prenons la décision de descendre. Cette partie est splendide, les habitations réapparaissent, ainsi que les murets de parquage des troupeaux d’alpagas. Nous dormons à côté des sources chaudes aménagées en piscine. Nous profitons d’un bon repas chaud chez une habitante : une soupe, du riz, des pommes de terre et un oeuf : le bonheur !
4 juillet 2015
Surprise ce matin : il neige !
En quelques heures, il tombe plusieurs centimètres de neige, qui recouvre les alpagas. De notre côté, nous rentrons à Tinki. Pour pouvoir « attraper » un bus pour Cusco dans la journée, nous finissons l’étape en taxi (35 soles pour 45 min de piste).
En conclusion, on s’est vraiment régalé pendant ce trek avec Thomas, un arriero de grande qualité à conseiller (cf. coordonnées plus haut) et bien à l’écoute des demandes spécifiques liées à un trek en famille avec des jeunes enfants (il a une lui-même 4 enfants entre 3 et 12 ans). Par ailleurs, les paysages sont d’une grande variété, entre nombreuses lagunes, glaciers, habitats traditionnels et bien sûr… alpagas ! Un trek assez peu parcouru (on a rencontré 2 trekkeurs en 5 jours), malgré la proximité de Cusco (3 h de bus) et la facilité d’organisation depuis Tinqui. Ce trek court, bien adapté aux enfants (dans la limite d’une bonne acclimatation préalable), n’a probablement pas grand chose à envier aux plus beaux itinéraires de la cordillère blanche (au nord de Lima), pourtant nettement plus fréquentés.
A Cusco, l’ambiance n’est plus la même ici aussi. Il fait gris et froid.
Shirine (cf. Cusco 2 – le retour) est partie au grand désespoir des enfants, qui espéraient avec impatience la retrouver au retour de l’Ausangate. En arrivant à Estrellita, ils courent au garage vérifier si son vélo est encore là, mais personne. Mais une surprise les attend : Shirine leur a laissé un joli mot d’au-revoir dans la remorque, avant de partir, quelle joie ! Ce petit mot est très précieux pour eux !
Pour les consoler de ne pas avoir revu leur copine, on est allé mangé… une GLACE, si si, 3 parfums (choc., fraise et vanille) et chantilly (bon, dans l’un des meilleurs resto de Cusco, on n’est pas fou non plus !). Et Titouan est retourné dans son parc préféré, à côté du Palais de l’Inca, jouer avec les petits canaux de la fontaine Inca !
De notre côté, cap au Sud ! Bientôt les plages (ok… glaciales certainement, vu le temps !) du lac Titicaca !