Les rives boliviennes du lac Titicaca, du 14 au 18 juillet 2015.
14 juillet 2015
La piste qui permet de quitter Puerto Acosta ne nous enchante guère. Trous, tôle ondulée, sable, ce n’est pas l’enfer, loin de là, mais nous sommes certainement un peu fatigués des jours précédents, et nous les parents, nous accusons le coup. De son côté Gaspard a toujours la forme, toujours d’humeur égale, bref, il fait son petit bonhomme de chemin en forçant notre admiration par son côté positif !
Nous nous arrêtons à midi à Escoma, village déserté en raison d’une fête dans une ville voisine. Nous trouvons néanmoins un petit restaurant, peu engageant, mais nous avons faim. Ariane est prise de nausées peu avant d’arriver dans le village, suivie de 2 grosses chutes de tensions et d’une violente diarrhée. Pas de repas pour elle à midi… De son côté, la diarrhée de Titouan s’aggrave, malgré les médicaments. Bref, c’est pas la grande forme.
Nous reprenons la route (asphaltée à partir de maintenant) après le repas. La route permettant de sortir de la ville est tracée « dré dans l’pentu », comme on dit dans les Alpes. Devant l’équipe de bras cassés que nous formons, nous décidons de nous arrêter à Carabuco, à une quarantaine de km de Puerto Acosta. Il fait froid, le vent souffle, et les bords du lac ne sont pas engageants pour planter la tente. Direction : l’école élémentaire. Mais celle-ci est fermée pour cause de vacances scolaires.
Un passant comprenant notre désir de dormir en sécurité, nous propose avec un grand sourire de venir planter la tente dans son jardin. Nous le suivons à vélo pour découvrir son « jardin » : une cour de terre batue, traversée par un chenal de tout à l’égout, dans lequel jouent ses enfants, au milieu des poules, chiens, etc… Difficile de planter la tente ici, mais encore plus difficile de refuser cette invitation spontanée et pleine de générosité… Nous sommes mal à l’aise, mais comprenant certainement nos réticences, il nous propose avec encore plus de tact d’aller voir la cour du collège. Devant le portail du collège sur lequel nous tapons vigoureusement pour alerter quelqu’un, personne ne répond.
Deux femmes discutent devant l’entrée d’une maison faisant face au collège. Elles nous indiquent que le collège est également fermé pour les vacances scolaires. Nous leur expliquons alors que nous cherchons un endroit « sécurisé » pour planter notre tente, et après avoir observé que leur maison est entouré d’herbe, nous leur demandons de planter la tente chez elles. Elles acceptent immédiatement, mais à notre grande surprise, nous propose une salle à l’intérieur ! En effet, cette maison est une annexe de l’école et du collège, et sert de locaux à l’éducation nationale bolivienne. Elle est composée de différentes salles de réunions. Nous atterrissons dans la salle du RDC ! L’une des deux femmes est la gardienne de la maison, et habite également une petite pièce du RDC. Devant le peu d’isolation du bâtiment, nous « plantons » nos tentes dans la salle de réunion, tapissée de posters éducatifs, sous un grand tableau noir ! Une bonne nuit au chaud nous attend !
15 et 16 juillet 2015
Au beau milieu de la nuit, Adélie se réveille : « Maman j’ai envie de vom….. ». Elle n’a pas le temps de finir sa phrase : elle vomit dans son duvet, dans celui d’Ariane, et vise même celui de Titouan ! La CA-TA-STROPHE ! On fait quoi tous les jours à près de 4000 m avec 2 voire 3 duvets en moins ?! Adélie est spécialiste de ce genre de « joyeuseté » : elle nous avait fait la même chose au Kirghizstan, suivie de près par ses deux frères, qui avaient eu l’amabilité de vomir en dehors de la tente, eux !
Le lendemain matin, côté santé, la louloutte est en plein forme ! Une énigme, notre Adélie : elle vomit la nuit, et le matin elle n’en garde aucune trace (si ce n’est celles sur les duvets !), pas la moindre fatigue, RIEN ! Dès 8h du matin, elle réclame son petit-déjeuner, arguant qu’elle meurre de faim « non mais » ! Bon, ce n’est pas plus mal, une de moins à soigner !
Côté matériel, c’est l’apocalypse : 2 duvets hors d’usage (les plus chauds, pas de bol…), ainsi que la doudoune d’Ariane, et diverses choses moins nécessaires dans l’immédiat… On a déjà du mal à prendre une douche correcte, alors laver des duvets en machine, et les sécher au sèche-linge, il ne faut pas demander l’impossible ! Bref, la mort dans l’âme, on remballe tout. Titouan est bien KO par sa diarrhée.
La petite dame qui nous a accueilli pour la nuit, nous apporte deux sacs de pommes de terre, « spécial ventre ». Elle est adorable, nous lui paierons une vraie petite nuit d’hôtel, n’ayant rien à lui laisser en échange de son accueil. Ses conditions matérielles n’étant pas des plus enviables, nous pensons que quelques bolivianos seront toujours bien utilisés.
Mais au moment de remonter sur nos vélos, le ciel – déjà bien gris et menaçant – nous tombe sur la tête au premier coup de pédale : il pleut des trombes d’eau, et surtout il se met à grêler ! Nous roulons vite nous abriter sous un arbre, le moral dans les chaussettes, et un poil fatigué, par notre nuit « olé-olé », et ce départ sur les chapeaux de roues !
10 km plus loin, il ne pleut plus, il n’a d’ailleurs jamais plut (le nuage était pile-poil sur notre tête !), nous arrivons à Santiago de Okola. Il s’agit d’une communauté d’agriculteurs-pêcheurs de 80 familles, dispersées dans le site magnifique du « Dragon Endormi », petit relief dominant une jolie baie. Douze familles se sont regroupées et organisées pour accueillir chez elles des touristes. Nous arrivons chez Natalia et son fils Walter, qui possède une chambre et surtout une douche chaude (non, en fait pas chaude… on est pénible avec nos douches, mais là dans l’immédiat, c’est OBLIGATOIRE… tant pis, on n’a pas trop le choix, ce sera douche froide pour tout le monde, (Titouan s’endort immédiatement après sa douche, épuisé par toutes ces émotions !). La famille accepte de nous recevoir tous dans la même chambre, qui possède deux lits. En général, les familles préfèrent répartir les gens dans plusieurs maisons. Mais nous préférons nous organiser pour dormir à 5, en effet nous avons l’habitude : quasiment aucun hébergement ne possède 5 lits, alors à chaque fois nous « bidouillons » : 2 par lit, 1 ou 2 par terre, etc… Nous restons 2 nuits chez eux. Après ces derniers jours un peu rudes, c’est un véritable havre de paix. Le confort est spartiate, mais tout y est : un petit jardinet plein de bancs, de plantes aromatiques, du soleil, des hôtes accueillants qui ont choisi de faire du « tourisme-solidaire » en complément de revenus, sans modifier leur mode de vie. Nos repas sont simples, mais excellent : du quinoa, des beignets, des soupes « à tomber par terre ».
Le lendemain de notre arrivée est dédié à la lessive (enfin, on fait ce qu’on peut à l’eau froide), et à la plage : il fait bon, pas de vent, les enfants peuvent enfin jouer toute une journée tranquille ! Titouan se remet doucement de sa diarrhée, il a même un copain pour jouer, la vie est belle !
17 – 18 juillet 2015
Ce matin, un bateau venant de Copacabana et amenant des anglais doit arriver vers 11h. Nous allons en profiter pour faire la traversée au village de Chall’pampa, au nord de l’Isla del Sol. Les vélos sont attachés à l’arrière du bateau. Nous accostons au petit port tout de suite beaucoup plus touristique que ce que nous avons connu ces derniers jours ! L’après-midi est consacré… à la plage ! Nous pensions peut-être pouvoir traverser à vélo l’Isla del Sol, traversée qui doitpoivoir se faire en VTT, mais après reconnaissance, les chemins sont rugueux (très raides), et composés d’escaliers. Nous sommes vraiment trop chargés, notamment avec la remorque, pour pouvoir envisager cette traversée (et les ânes ne semblent pas être utilisés par les voyageurs…).
Le lendemain nous prenons un bateau pour traverser de l’Isla del Sol vers « le continent », et débarquer au port de Yampupata. La piste qui nous amène à Copacabana domine le lac, avec 2 bonnes montées. Nous y croisons deux voyageurs en moto improbables : elle est pakistanaise, il est instituteur à Quito, une rencontre en route intéressante !
En arrivant à Copacabana, impossible de trouver un hôtel libre ! Alors que nous reprenons nos vélos, un jeune homme appelle Seb. Il y a de la place chez quelqu’un… qui n’est autre que le capitaine qui nous avait permis de passer de Santiago de Okola à l’Isla del Sol ! Il a aménagé en contre-bas de sa maison, deux habitations tout confort, avec une vue imprenable sur la baie de Copacabana ! Nous savourons pleinement le côté totalement improvisé de notre hébergement ce soir !
Pour ceux qui passeraient par là : c’est l’Hostal Vicuna, il faut entrer dans le chemin menant à l’Hotel Cupula (et Las Olas), et c’est les petites maisons tout au bout du petit chemin de terre.