Mars 2005
Avec : Nico, Sam, Ariane et Seb
Après une nuit « chez l’habitant » (en l’occurrence chez Ramazan) à Demirkazik, direction la vallée d’Emli (2000 m) pour planter nos tentes. De ce camp de base, au milieu des moutons, l’idée est d’aller « explorer » en étoile les vallées alentours.
On passe la première journée à remonter toute la vallée, en passant au pied de la vallée d’Aksam Pinari où trône le fameux pinacle du Parmakkaya, puis en débouchant enfin au col Nord du Kucuk Cebel (~ 3300 m). Les montagnes environnantes sont impressionnantes. La pyramide du Kaldi (3736 m), un ersatz de Cervin (en plus petit) marque ce secteur de son empreinte. Au retour, chacun se charge de son fagot, pour alimenter le feu de camp du soir. Le lendemain, la météo s’est dégradée. L’objectif initial était d’effectuer la grande traversée de l’Alaca (3585 m), en montant par la vallée de Mangirci et en redescendant par la vallée d’Aksam Pinari. Malheureusement la tempête de neige nous a contraints à faire demi-tour une fois arrivés vers 2800 m d’altitude.
Retour dans la pension Safak (à côté de Camardi). On en profite pour faire quelques courses en parcourant le village de Cukurbag (~ 1600 m). A partir de cette auberge, nous avons réalisé 2 belles courses à la journée en se faisant déposer en tracteur au bout de la piste de Sokulupinar (emplacement de bivouac, source). On fait une entorse à notre éthique, en utilisant les remontées mécaniques du secteur ! Pour la première sortie, le temps est encore maussade mais le plafond nuageux élevé. Par un système de verrous et de gorges, on remonte la vallée de Kara Yalak. La neige ayant été très travaillée par le vent, on finira à pied les 50 derniers mètres pour atteindre le commet de l’Emler (3723 m) dominant le plateau de Yedigoller, au milieu duquel émerge le sommet caractéristique du Direktas (3510 m). Du sommet de l’Emler, on est aux premières loges pour contempler le géant du secteur. Le Demirkazik, avec ses 3756 m, domine le massif de l’Aladaglar. Pour les adeptes des pentes raides, il semble même possible de skier sa pente Sud… Très bonne neige poudreuse dans la descente.
La dernière journée de ski va nous donner l’occasion de faire le tour de ce culmen. On remonte les étroitures de la vallée de Narpuz avant de déboucher au soleil dans la combe supérieure. On choisit d’atteindre le col situé au fond de la vallée. Le côté Nord est nettement moins débonnaire, avec une pente en Z exposée. Le premier skieur « démine » la pente, en étant encordé. Après le passage du crux, le vallon de Cimbar s’élargi et la pente s’adoucie avant d’arriver à la porte d’Arpalik, qui permet de s’échapper de ce vallon par sa rive gauche. Nous décidons de ne pas utiliser cette échappatoire, mais de descendre à ski ce canyon grandiose. Les virages deviennent de plus en plus serrés alors que le fond de la gorge ne fait plus qu’une dizaine de large et que nous sommes au pied de parois de 200 à 300 m de haut ! Un passage de blocs nous oblige à déchausser pour descendre un passage de type canyoning (petit toboggan). Encore quelques virages à ski, et le manque de neige dans le bas du canyon nous contraint à terminer, si ce n’est la plus belle, certainement la plus originale descente de notre séjour.
–> Une descente de canyon à ski, c’est possible !
En début du printemps, les skieurs occidentaux parcourent régulièrement ce massif, y compris certains tours operator (français et allemands). Bien que les cartes soient de mauvaise qualité (la meilleure doit être la russe, au 1/100 000e), il est assez aisé de dénicher des informations sur les classiques du massif (Alaca, Emler et les vallées de Narpuz et Cimbar). Pour les amateurs de raids plus engagés, ce massif se prête bien également à une traversée (plutôt Sud->Nord) comme celle initiée par le Club Alpin Français au milieu des années 1990 ou celle réalisée par Wouter Dorigo et son acolyte en 2004.
Topo entré sur CamptoCamp : Tour antihoraire du Demirkazik