L’éc-eau des Savanes !

Région des Savanes, Togo. Janvier 2010

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Pour le compte d’une ONG internationale, Seb a réalisé bénévolement une mission d’expertise afin d’évaluer les possibilités de captage des eaux souterraines dans le nord du Togo.

Cette région de la bande soudanaise est relativement bien arrosée à l’échelle annuelle ; les précipitations annuelles (env. 1m/an) étant comparables à celles rencontrées en France. Le soucis, c’est qu’elles sont uniquement concentrées sur les 3 mois de  l’été (appelés hivernage) ; les précipitations étant inexistantes le reste de l’année. De façon caricaturale, soit il y a trop d’eau –  les transports en brousse et l’activité économique associée sont réduits à la portion congrue pendant l’hivernage, soit il y a pas assez d’eau et les populations sont contraintes de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres par jour – principalement à pied – pour accéder à un point d’eau pérenne.

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Paysages typiques de la région des savanes : à proximité de Namboga

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Baobabs dans le secteur de Korbongou

La végétation du nord du Togo est surtout représentée par la savane arborée avec comme principaux types d’arbres :

  • Le kapokier (le fromager du Sénégal) : arbre massif et imposant (de l’ampleur du baobab) planté le long des grands axes réalisés par les allemands (au début du XXème siècle), à la manière des platanes en Provence. Les fruits de cet arbre fournissent un ersatz de coton,
  • Le baobab. L’arbre roi du Sahel. Caractérisé par un tronc pouvant atteindre plus de 4 m de diamètre. Ses fruits (le pain de singe) sont comestibles et servent de boisson traditionnelle aux vertus curatives, notamment contre les problèmes gastriques,
  • Le carité, avec une écorce ressemblant à la peau de crocodile. Le « beurre » de carité rentre dans la composition de nombreux produits cosmétiques,
  • Le ronier, principal palmier (même s’il on trouve quelques doums) de la région avec lequel les locaux produisent un alcool de palme.

Dans les falaises, principalement localisées de part et d’autres de Bombouaka, il existe des vires ayant contenu des greniers, comme dans la falaise de Nano. Dans cette « grotte » (classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO), comparable (en réduction) aux falaises du Pays Dogon, on retrouve d’anciens greniers. Grâce à ces abris sous roche, il était alors possible de soutenir un siège de plusieurs semaines, puisque l’eau était disponible sous forme de petites sources. Ces suintements continuent à être récupérés pour l’eau potable, à l’aide de grandes bassines, qu’il faut ensuite remonter sur le plateau, par un chemin très escarpé.

Les populations rencontrées

Les Mobas forment l’ethnie principale de la région des Savanes. Ils sont agriculteurs et pour la plupart d’entre eux sédentaires. Ils partagent le territoire rural, avec des pasteurs comme les peulhs. Par nature, ces peulhs sont – si ce n’est pas nomades – en tout cas transhumants afin de suivre l’évolution saisonnière des pâturages.

Pour l’ensemble de la population rurale, l’habitat traditionnel est formé par la case en banco, torchis formé d’argile et de pailles. Chez les Mobas, l’ensemble des cases est relié entre elles par un mur d’enceinte, d’environ 1.5 m de hauteur. Chez les Peulhs, les cases ne sont pas reliées, soit disant pour pouvoir s’échapper plus rapidement lors d’attaques. Au centre de cette concession trône généralement en bonne place le four pour réaliser la bière du pays Moba, le « Tchapa », à base de Sorgho fermenté.

Ces concessions d’environ une dizaine de cases sont généralement localisées à proximité immédiate, d’un gros arbre fournissant une ombre salvatrice (manguier, …) et considéré comme « l’arbre à palabres » où se règle les affaires courantes de la communauté. A l’extérieur de la concession, les céréales (qui vont permettre de subsister pendant la période de soudure) comme le sorgho sont stockés dans des greniers pouvant prendre des formes différentes suivant les secteurs.

L’eau dans la région des Savanes

Lorsque l’eau de surface est disponible à proximité, les villageois utilisent l’eau de la rivière. Cette eau de mauvaise qualité n’est pas disponible toute l’année. Localement, certaines sources peuvent constituer une ressource pérenne, malheureusement souvent souillée par l’absence de latrine ou par les eaux de lessive.

A grande distance des cours d’eau, les villageois peuvent créer de petits puits traditionnels, en général inférieur à 10-15 m de profondeur. En fonction de la nature des terrains, le puits peut être étayé avec des rochers (latérites) ou réalisé en trou nu.

Le puits moderne est un ouvrage de conception assez proche du puits traditionnel, mais ayant subit quelques améliorations pour optimiser le débit de puisage et surtout pour améliorer la pérennité de l’ouvrage de captage. Le puits moderne est ainsi généralement de plus grand diamètre (1.4 m), cuvelé sur toute la hauteur et possède un aménagement de surface comprenant au minimum une margelle.

Dans la région des Savanes, il est ainsi possible de réaliser des puits d’une trentaine de mètres de profondeur, sans risque majeur d’éboulement lors du creusement (hors saison des pluies). Dans ce contexte, la quasi-totalité des puits modernes sont creusés sans soutènement et cuvelés en remontant, à partir de la base du puits.

 

 

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