[Ski en Iran] #4 – Le triangle d’or persan

29/02-03/03/2017

Entre Ispahan, Shiraz (Persépolis) et Yazd.

Un article de Seb (en bleu !) sur les traces de son grand-père, qui vécut en Iran durant presque 3 ans.

Après notre belle virée dans le montagnes du Zagros, il nous était difficile de quitter l’Iran sans un aperçu, même rapide, de sa culture millénaire, inspiratrice de notre civilisation occidentale !

Nous n’avons que 3 jours devant nous pour visiter le « Triangle d’Or » de l’Iran, formé par les villes splendides de Shiraz (et peut être surtout Persépolis), et Yazd, la « perle du désert ».

Afin d’optimiser notre temps, nous voyageons en bus de nuit. Les bus « VIP », dont la propreté et le confort sont même meilleurs que les lignes réputées  de l’Amérique du Sud, ont un rapport qualité-prix imbattable : environ 1 euro par heure de route (repas compris), en sachant que des routes à grande vitesse relient toutes les grandes villes du pays ! Il y a aussi quelques lignes de train intéressantes, mais beaucoup moins fréquentes que le bus (par exemple, entre Ispahan et Shiraz, au moins un bus par heure). Localement, nous complétons ces grandes liaisons routières par des taxis locaux.

Ces quelques jours en images :

  • Isphahan

Avant de prendre notre bus, et Rémi son avion, nous parcourons une dernière fois les rues d’Ispahan, ses bazars et ses mosquées, tous ensemble.

La très belle mosquée du Vendredi :

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Petit mot sur les boites à dons : omniprésentes, même dans les petits villages, on les retrouve tous les 100 m (ou plus) en ville !! Ces espèces de grosses tirelires jaunes et bleues sont destinées à récolter des dons pour les nécessiteux, redistribués ensuite on ne sait pas trop comment, par les religieux. Toujours est-il que devant le sur-nombre de ces boites, on culpabiliserait presque de ne pas mettre la main à la poche !

Rémi, qui n’a plus de jours de congés, rentre ce soir. Il aura été le compagnon idéal de ce raid à ski : adaptable à toutes les situations, portant sans rechigner un gros sac tout en faisant souvent la trace, toujours dispo pour faire de l’eau sur le réchaud, et tout cela avec le sourire !

  • Shiraz

Nous arrivons à 6h du matin à Shiraz, la ville des poètes, qui s’éveille.

Encore une fois, nous sommes abordés par différentes personnes, qui partent au travail, et nous proposent spontanément leur aide pour nous accompagner un petit bout de chemin, nous trouver un plan de la ville, ou encore nous indiquer les meilleurs sites.

La mosquée du Vakil de Shiraz :

Faute de temps, nous n’irons pas voir le tombeau de Hafez, le célèbre poète du 14ème siècle, vénéré par tous les iraniens. Alors que les poètes iraniens célébraient dans leurs œuvres, la fête, l’amour, la danse et le vin, la Révolution Islamique, paradoxalement, n’a pas supprimé ce patrimoine culturel incontournable de la société iranienne (les poèmes sont toujours appris à l’école). 

« Des amis, un flacon de vin, du loisir, un livre, un coin parmi les fleurs…
Je n’échangerai pas cette joie pour un monde, présent ou à venir. » (Hafez)

Joueur de sêtar au jardin de l’Orangerie :

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  • Persépolis

« Jamais dans l’Antiquité, l’art n’avait fait preuve d’une telle audace. » Roman Ghirshman

Situé à une heure de route de Shiraz, Persépolis,  Takht-e Jamshid en farsi, est un des  joyaux de l’Antiquité : l’Égypte a ses pyramides, l’Inde son Taj Mahal et l’Iran a … Persépolis.
Contrairement à ces merveilles et aux constructions monumentales grecques et romaines, les iraniens aiment à rappeler que la construction de Persépolis ne doit rien à l’esclavage. En effet, elle a été entièrement assurée par des ouvriers, rétribués pour leur travail, venant de tous les pays de l’Empire.
Persépolis était une capitale de l’Empire perse, à l’époque achéménide. L’Empire achéménide est le premier empire perse qui régna sur le Moyen-Orient, en s’étendant de l’Afghanistan à la Grèce. Il menaça la Grèce antique mais s’effondra, après plus de 3 siècles de domination, vaincu par Alexandre le Grand (en 330 av. JC) qui incendia alors Persépolis. Une partie des traits culturels et politiques de l’empire achéménide ont d’ailleurs été repris par la civilisation grecque. Pour la petite anecdote, ce sont les Grecs qui se à l’origine du nom des montagnes du Zagros.

Le site de Persépolis (avec ses quelques sites satellites) sont parmi les plus impressionnants vestiges archéologiques de la planète, avec notamment une finesse remarquable de ses bas-reliefs.

Détail des bas reliefs en diaporama :

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Une petite photo (1926) de mon Papy, qui a séjourné plus de 2 ans à Bouchehr, sur les rives du golfe persique. Pendant ce séjour, il en a profité pour visiter les ruines de Persépolis. Elles étaient déjà bien connues depuis près d’un siècle, notamment des militaires anglais, comme en témoigne certains graffitis laissés sur les bas reliefs….

  • Yazd

C’est en « stop-taxi » (à savoir du stop au bord d’une voie à grande vitesse, et au bout de 5 min un taxi qui s’arrête miraculeusement !), que nous rejoignons Yazd. 

Le soir de notre arrivée, une fête religieuse chiite se déroule : défilés en ville dans l’avenue Khomeiny (toutes les grandes avenues s’appellent ainsi), drapeaux noirs ou verts. Les fêtes religieuses chiites sont connues pour être assez violentes (notamment l’Achoura), mais ici c’est plutôt bon enfant, et on nous offre même un dessert, sorte de riz sucré à la pistache délicieux.

La mosquée Amir Chaghmagh :

Qui est donc photographié ainsi ? Ben nous…

La mosquée du Vendredi de Yazd :

La ville ancienne de Yazd, construite en pisé, se situe en bordure du désert et au pied d’un beau petit massif montagneux culminant à plus de 4000 m, le Shir Kuh, « la montagne des lions ». Cette ville était déjà connue 3000 ans avant notre ère, ce qui en fait l’une des plus anciennes villes au monde.

Comme Ispahan, Yazd était une étape importante dans le faisceau de routes de la soie. A ce titre, Marco Polo l’a décrite, dans son Livre des merveilles, comme « une bonne et noble ville ».

Ici, les yazidis ont su aller capter l’eau là elle se trouve, c’est-à-dire sous terre. Comme l’explique le très intéressant Water Museum, c’est grâce au développement de la technique des galeries drainantes, appelées qanât, que Yazd a tiré sa prospérité malgré l’aridité de la zone dans laquelle elle se situe.

La ville est également célèbre comme étant la capitale des badgir, ces Tours du vent, quelque fois connectées à des qanâts, qui permettent aux habitations d’être naturellement climatisées.

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Détail de la maison des tours du vent

Yazd est le principal refuge du zoroastrisme, la religion  monothéiste de la Perse pré-islamique, qui sacralise le feu et les autres éléments naturels. Le zoroastrisme a fait fonction de religion officielle de l’Empire perse, notamment sous les Achéménides, comme en témoigne certains motifs des ruines de Persépolis. Malgré l’arrivée de l’Islam le zoroastrisme a réussi à se maintenir dans le patrimoine culturel du Moyen-Orient. En effet, les Iraniens, les Kurdes et les Afghans, indépendamment de leur religion, accordent toujours beaucoup d’importance aux fêtes zoroastriennes, en particulier celle de Nowruz, le nouvel an zoroastrien, célébré le 21 mars.

Ci-dessous, le symbole du zoroastrisme (Persépolis) l’oiseau Vareghna, la gloire royale. Les trois rangées de plumes rappellent le précepte de cette religion :

« Bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions ».

 

4 réflexions sur “[Ski en Iran] #4 – Le triangle d’or persan

  1. Bonjour les amis,
    C’est intéressant tout ça mais ça me déconcerte à chaque fois de constater la place que prend la religion dans certains pays. On a l’impression qu’il n’existe rien d’autre que des mosquées, des ruines et des palais construits pour quelques élites fortunés au détriment d’un peuple miséreux et soumis. Bref, le touriste ne fait qu’effleurer le quotidien de la population. Cela dit sans vouloir vous vexer!
    Je dois mentionner que j’en ai un peu ma claque de visiter des temples, des églises et des ruines au cours de mes voyages! C’est ce qui me fascine avec le cyclotourisme: le rapprochement avec les locaux.
    Bon retour.
    Pierre

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  2. Bonjour Pierre,
    Ah ben oui… en Iran la religion est omniprésente, puisque la religion c’est l’Etat. CQFD 😊 . Alors si on n’aime pas les mosquées (tous les 500 m), si la couleur bleue vous déprime, si la mosaïque vous rappelle vos pires cours de géométrie, mieux vaut aller ailleurs !
    Bon sinon pour rebondir sur ta remarque, c’est vrai que cela peut être « déconcertant » de voir la place tenue par la religion, non pas dans certains, mais… dans la plupart des pays, et cela à différentes époques ! Et à voir le nombre incalculable d’églises, de chapelles, de croix sur le moindre rocher, et autres « signes distinctifs » que nous avons, l’Europe n’est pas en reste… La majeure partie des constructions anciennes sur la planète relève soit du fait religieux, soit politique pour asseoir un pouvoir souvent totalitaire. Mais dans l’époque de repli, de montée des populismes, et de résurgence des religions, que nous vivons dans nos pays où la laïcité a été chèrement acquise, il nous parait essentiel de mieux connaître ce qui nous entoure, pour essayer (un chouïa) de mieux comprendre.
    Côté architecture, si on n’aime pas les temples, les châteaux, les cathédrales etc… on n’est pas obliger de les visiter ! Mais c’est mieux de savoir d’où on vient pour savoir où on va ! Et ce qu’ont bâti les artisans depuis des siècles, fondent aujourd’hui les identités culturelles derrière lesquelles chacun se retranche à la première occasion… Pour rebondir sur ta remarque de « peuple miséreux », concernant l’Iran, nous avons découvert un peuple bien plus cultivé et appréciant les arts en général, que dans beaucoup de lieux d’Occident. Un peuple fier de faire découvrir sa culture millénaire, fier de la restaurer, de la préserver contre un pouvoir qui a parfois faillit tout détruire, et loin des étiquettes simplistes collées aux pays « hors de l’Occident ». Enfin, oui c’est un fait, le touriste restera toujours un touriste et ne fera qu’effleurer une culture, alors reste justement la Culture (les livres, les films…), les amis « exotiques » 😉 , voire l’expatriation, pour mieux comprendre une société en profondeur. Après, on peut faire un voyage « carte postale », sans chercher à se poser des questions, c’est bien aussi 🙂 .
    Et attention à ne pas se croire un touriste supérieur parce qu’on est à vélo ! La magie des rencontres tient justement au fait qu’elles sont imprévisibles, et des chouettes personnes on peut en rencontrer partout, il faut juste savoir les reconnaître ! Parce que bon, les découvertes à vélo, le long des grands axes routiers peuvent être d’une aridité désespérante : que reste-t-il comme « rapprochement avec les locaux » dans un boui-boui crasseux au bord d’une route, où des enfants obèses regardent une série policière ultra-violente en trainant dans l’essence et le cambouis, où les parents, le regard vide ne se rendent pas compte de notre présence ? (« Rencontres » vécues à plusieurs reprises). C’est une réalité du voyage à vélo, et là à moins de faire de l’humanitaire, on ne sert pas à grand chose sur un vélo dont la valeur pourrait faire vivre toute une famille plus d’un an… Bref, le mieux c’est de peut-être juste de voyager les « yeux (et le cœur) ouverts ». Et finalement peu importe que cela soit à vélo, à ski, à pied, en trottinette, au bout du monde ou au coin de la rue !
    Bon voyage !
    TSAGA

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  3. Tu as sans doute raison…mea culpa! Concernant les peuple miséreux, je faisais référence aux tyrans qui ont détenu le pouvoir à différentes époques pour s »enrichir et opprimer leur peuple.
    Bref, y a pas de tourisme idéal!

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  4. En effet ! De notre côté, c’est juste un point de vue, et merci de nous avoir fait part du tien, et d’avoir pris le temps de lire notre longue « tartine » 🙂 . En espérant que tes préparatifs de voyage avancent bien !

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