Du 10 au 12 août 2017
Où l’on frôle la catastrophe (bis repetita) quand les filles tombent sur une route à fort trafic sous la pluie ; où un couple de retraités nous hébergent avec bienveillance à Diesch ; où nous retrouvons Jessica et Stéphane (nos amis cyclos suisses rencontrés dans l’Himalaya indien), avec un immense plaisir.
10/08/2017 – De Oberwald à Deisch – 32 km – 200 m+
Comme annoncé par la météo, au départ d’Oberwald, il pleut ce matin. C’est toujours un peu complexe, les départs sous la pluie : la règle d’or, ne pas se mouiller, ne pas mouiller notre maison, à savoir notre tente et le contenu de nos sacoches. La plupart du temps, c’est impossible totalement.
Côté vélo, chez Sophie, l’organisation est la suivante : Cassandre est autonome comme Adélie, et transporte ses affaires dans ses sacoches. Sophie porte tout le reste pour eux trois, et tracte Oscar avec le système Follow-Me, ce qui permet à Oscar de pédaler un peu tout seul également. Il est prévu une seconde attache sur le vélo de Seb, afin qu’il puisse tracter Oscar pour soulager Sophie, lorsque nous attaquerons de grosses montées. Rapidement, Oscar et Titouan vont échanger leur place régulièrement, sur le Pino et sur le Follow-Me.
Nous descendons doucement par la piste cyclable la belle vallée des Conches (Goms). Malheureusement, avec la pluie, nous avons du mal à apprécier la beauté des petits villages anciens aux maisons de bois. Cette belle vallée glaciaire nous donne envie d’y revenir par beau temps, ou encore à ski 🙂 .
A Reckingen, la piste cyclable traverse le camping Augenstern. Comme la pluie redouble d’intensité, nous y cherchons une salle hors-sac. Mais il n’y a rien à part le restaurant du camping. Son propriétaire nous permet d’y prendre notre pique-nique, en échange nous lui commandons des assiettes de frites et du thé chaud. Puis nous repartons, sous la pluie, toujours. A Muhlebach, nous quittons la piste cyclable en rive gauche du Rhône, pour emprunter un pont suspendu (type passerelle himalayenne mise en place en 2015) et rejoindre la rive droite à Fiesch. Il s’agit du « Goms Bridge », long de 280 m, suspendu à 92 m au-dessus du Rhône. La passerelle est autorisée au vélo, en passant à pied, et un par un.
Puis nous poursuivons quelques kilomètres sur la route. Seb ne souhaite pas s’arrêter au camping de Fiesch, qui implique un petit détour, et préfère que nous descendions rapidement à celui d’Aletsch (sous Grengiols). Mais il fait froid, la visibilité est mauvaise et la route glissante avec la pluie, et les filles sont fatiguées par les conditions météo. Dans la descente, au niveau du hameau de Deisch, c’est la CATASTROPHE. Cassandre perd le contrôle de son vélo, car ses freins ne fonctionnent plus, et percute par l’arrière celui d’Adélie, qui vole sur la route, au milieu de la circulation, dense à cette heure-ci.
Le tandem, avec Ariane et Titouan, est devant avec Maxime et Gaspard. Quand tout à coup Maxime crie : « elles sont tombées ! ». Le petit groupe de tête est en plein virage, et voit un embouteillage se former plus haut, signe qu’il s’y passe quelques chose ! De son côté, juste après la chute, Sophie a pris les enfants en charge. Les voitures se sont arrêtées pour ramasser les vélos avec Seb. Un couple de retraités, Jean-Paul et Marie, est sorti d’une des habitations et les a invités à s’abriter chez eux. Adélie n’a qu’un bobo au genou, Cassandre n’a rien. Ouf ! Plus de peur que de mal. C’est alors que nous prenons le temps de regarder tout autour de nous : nous sommes entrés en catastrophe, à 9 dans un joli salon, dégoulinants et en chaussures sales, sur des tapis anciens… Oups ! Nous faisons mine de ressortir un par un, mais le couple nous propose de nous loger, car le camping d’Aletsch, plus bas, est très sommaire : juste un pré, et il fait froid. Ils insistent pour que nous dormions chez eux, dans un de leur studio. Nous finissons par accepter, et nous nous retrouvons dans un joli appartement annexe de leur maison. Ils nous en proposent même un second, que nous refusons, il ne faudrait tout de même pas abuser des bonnes choses ! Et ils nous mettent à disposition leur machine à laver et sèche-linge, afin de repartir au sec, le lendemain. Si c’est pas le grand luxe !
Que nous sommes bien au chaud !
11/08/2017 – De Deisch à Chamosson-le-Haut – 32 km – 350 m+
Au réveil, Jean-Paul, le propriétaire, frappe à la porte, les bras chargé de pain frais ! Quelle bonne idée, car nous n’avions pas grand chose à manger ! Après le ménage du studio nous allons dire au-revoir à nos « sauveurs » et un immense merci. Les filles leur avoueront avec un petit jeu de mots : « on ne pouvait pas mieux tomber !« .
A partir d’aujourd’hui, le mauvais temps va disparaitre progressivement. Seb a essayé de réparer les freins de Cassandre, mais ce n’est pas évident. Heureusement la longue descente est moins impressionnante sans la pluie, et Cassandre, malgré son appréhension, arrive à remonter sur son vélo. Adélie a un peu mal au genou, mais ça va.
Nous allons jusqu’à Brig et son château de Stockalper, puis décidons de ne pas faire l’étape prévue entre Visp et Chamoson, afin d’avoir du temps pour retrouver les copains suisses, Jessica et Stéphane, qui nous invitent chez eux. Par ailleurs, Claire et Damien nous indiquent qu’ils seront finalement dès le lendemain soir à Chamonix, et pédalerons 3-4 jours avec nous, il faut donc que nous avancions plus vite que prévu.
Nous prenons alors le train à Visp et sommes pressés de retrouver Jessica et Stéphane. Un peu de douceur dans ce monde de brutes du vélo, va nous faire un bien fou, après les petits ennuis de ces derniers jours !
Nous avons rencontré Jessica et Stéphane, couple hyper attachant, en Inde du Nord, lors de notre traversée de l’Himalaya indien en 2016. Nous avions eu alors la chance de partager quelques tours de roues avec eux, à différentes reprises (Spiti, Lahaul, Leh) à mesure que nos chemins respectifs se recroisaient (car inutile de dire qu’ils allaient beaucoup plus vite que nous !). Mais leur extrême gentillesse et leur joie de vivre nous avaient beaucoup marqué !
Quelle plaisir alors d’être invités chez eux, tandis que nous passons dans leur Valais suisse. En arrivant à la gare de Chamoson, nous les voyons nous attendre, sur le quai, ils sont venus à notre rencontre à vélo. Et OH SURPRISE ! Ils tiennent à la main des bols de tchaï (thé indien épicé au lait) !!!! Waouuuu ! Quel accueil ! Ce petit clin d’oeil à notre lieu de rencontre nous touche énormément ! Nous sommes ravis de les revoir.
Puis nous attaquons la petite montée, qui mène chez eux, à Chamoson-le-haut, en ayant le privilège d’une visite guidée de la très belle église romane du village, datant de l’an 1000, et qui tient une place particulière dans le cœur de Stéphane.
Durant la montée à travers les vignoble du Valais, Oscar et Titouan souhaitent pédaler seuls dans les côtes, sur le petit vélo d’Oscar, à tour de rôle. Bravo, les p’tits gars, quelle volonté !
La soirée est très agréable, autour d’une vraie raclette suisse aux petits légumes confits, menée d’une main de maitre par Stéphane, agrémentée de très bon vins suisses que nous découvrons (BONVIN, c’est écrit sur l’étiquette, ça ne peut pas être mauvais !).

Du « BONVIN » 🙂
Au cours de la soirée, nous évoquons également nos différentes expériences en ski de rando. Jessica, qui est une grande sportive, nous raconte alors leur participation à la grande course de ski-alpinisme, la Patrouille des Glaciers. Ils y croisent, encordés par équipe, Pippa Middleton (la petite soeur de Kate !), qui y participe également. Jessica nous montre des photos de Pippa en « collant-pipette » (NDLR : tenue de compèt’ des skieurs alpinistes), à faire pâlir les paparazzis !
12/08/2017 – De Chamoson-le-Haut à la France ! – 27 km – 280 m+
Autour du petit déjeuner, nous parlons voyage à vélo ce matin, en découvrant les belles photos de nos amis autour du monde.
Puis, c’est atelier « réparation et révision diverses des vélos », dehors, au soleil.
Les amis nous proposent de rester toute la journée chez eux et de ne repartir que le lendemain. Les enfants en rêvent. Mais Damien et Claire ont finalement décidé de venir à notre rencontre à Chamonix, alors nous allons essayer de pédaler un peu aussi avec eux. Nous sommes tristes de partir si vite, mais nous décidons de reprendre la route en début d’après-midi, en nous promettant de revenir bientôt. En attendant, Jessica nous prépare à nouveau un excellent repas pour midi, puis nous partons tous ensemble jusqu’à Martigny.
En route, Stéphane, qui est vinificateur, nous explique l’histoire de la vigne dans le Valais. Nous regrettons de ne pas avoir le temps de visiter la « Vigne à Farinet », comme il nous le propose (ah ! il faudra que nous revenions dans ce superbe Valais suisse !). La vigne à Farinet, du nom du « Robin des Bois » suisse, qui était faux monnayeur pour donner aux pauvres, est la plus petite parcelle de vignes au monde (3 ceps). Ayant appartenu à l’Abbé Pierre, il l’a offerte au Dalaï Lama qui en est l’actuel propriétaire. Une petite vigne qui fait parler d’elle, et permet de vendre des bouteilles (avec mélange d’autres cuvées, car avec 3 ceps, on irait pas bien loin !) au profit de l’enfance déshéritée.
A Martigny, nous reprenons le train du Mont-Blanc Express, jusqu’au pied du col des Montets, via Finhaut. Lorsque nous entrons en gare, le train est déjà prêt à partir, heureusement Jessica et Stéphane nous sont d’une aide précieuse pour tout faire entrer dans le wagon. Car faire tenir le Pino dans ce minuscule train est un véritable jeu de Tétris, il occupe toute la largeur !
Les portes se ferment alors que nous courrons sur les quais pour tout ranger, et nous réalisons que nous n’avons même pas pu nous dire au-revoir… Adélie est toute triste, assise dans son wagon, elle aurait vraiment aimé faire une grosse bise aux amis suisses, avant de les quitter !
C’est, désormais, notre dernier tour en petit train des montagnes, d’ici la maison.