Du 31 juillet au 3 août 2018
Où nous faisons une incursion dans le massif du Didi Abouli, point culminant du Petit Caucase géorgien, où nous découvrons « La Cité de l’Ombre » à travers le site incroyable de Vardzia.

Cigogne géorgienne haut perchée

En route vers le Didi Abouli (3300 m), point culminant du Petit Caucase géorgien

L’incroyable arrivée sur Vardzia, depuis le plateau d’Apnia
31/07/2018 – De la maison du Parc de l’Arpi Lake au lac de Saghamo – 47 km – D+ = 350 m
Avant le passage de la frontière aujourd’hui, nous nous sommes posés pas mal de questions au sujet de la pharmacie. En effet, la Géorgie ne rigole pas avec les médicaments, notamment ceux à base de codéine : en 2014, deux françaises avaient été arrêtées à la douane en possession de Dafalgan codéiné, et avaient eu pas mal d’ennuis pendant 3 mois. Or nous avons des médicaments contenant des dévirés opiacés et morphiniques (ces derniers en cas de grave accident). Nous avons bien les ordonnances, mais non traduites comme il est demandé. Malgré cela nous prenons le risque de conserver toute notre pharmacie.
Alors que les passagers des bus touristiques sortent leurs valises des soûtes à bagages, et sont priés de tout ouvrir dans une salle de contrôle spécifique, notre chargement attire la sympathie des douaniers, plus enclins à discuter avec nous au sujet du Pino, qu’à vérifier tout le contenu de nos sacoches. Après le contrôle de nos passeports, nous entrons donc sans encombres en Géorgie, et sans avoir eu besoin de déballer nos marchandises !
Le route qui mène à la frontière, côté géorgien, est dans un sale état, elle est truffée de nids de poules et oblige à faire de nombreux slaloms, pour trouver le revêtement le moins pire. Dans ces conditions, la circulation est fortement ralentie, et c’est la première fois qu’à vélo, nous nous retrouvons être le véhicule le plus rapide sur une route ! Oh joie, à notre tour de doubler voitures et camions, en actionnant nos sonnettes et pouêt-pouêt !
Nous traversons des petits villages aux constructions de bois et aux maisons aux toits végétalisés.

Des cigognes de partout !
Peu après, le vent se lève sur les plateaux, un vent de face fatiguant qui nous scotche littéralement sur place. Ariane accroche Adélie (qui s’envole sinon 😉 ), Gaspard se met dans nos roues, et Seb et Titouan font une équipe efficace sur le tandem.

Vent de face, il faut s’accrocher…
Nous avisons le lac de Saghamo pour y passer la nuit. Il nous faut descendre par une piste, mais une fois sur les berges du lac, nous sommes littéralement dévorés par les moustiques. Décidément, les lacs du Caucase nous réservent toujours des surprises !

Encore un bien beau site de bivouac, sur les bords du lac Saghamo
Tans pis pour les moustiques, le site de bivouac est splendide, à l’abri des regards de la route, et nous n’avons pas le courage de rouler davantage pour chercher plus loin, alors nous nous couvrons (manches longues, jambes longues) et nous nous aspergeons de produit anti-moustique. Mais à la tombée de la nuit, la toile de tente se recouvre intégralement de ces petites bestioles, ça grouille ! Difficile de rester dehors, nous nous préparons donc à passer une nouvelle nuit à 5 dans l’abside principale, comme ce fut le cas lors de l’invasion de grenouilles sur les bords du lac Sevan !
01/08/2018 – De lac Saghamo au col de l’Abouli – 33 km – D+ = 450 m
Au matin, une fois notre maison repliée, le tonnerre gronde et l’orage ne tarde pas à s’abattre sur nous. Nous partons rapidement sans prendre le petit déjeuner. Nous avançons quelques kilomètres sous la pluie et le vent, à la recherche d’un abri. Puis contre toute attente, au village de Gamdzani, un improbable café nous tend les bras au bord de la route : le Family Corner ! Alors que nous nous garons sous l’auvent, le patron et sa femme sortent à notre rencontre et nous aident à tout abriter. A l’intérieur, il fait chaud, et ils nous dressent immédiatement une belle table avec un très bon petit déjeuner ! On leur demande de nous préparer des œufs durs à emporter pour le repas du midi, et ils nous font du pain. Bref, une chouette parenthèse matinale totalement imprévue, qui fait le charme des voyages à vélo !
Lorsque nous repartons, le soleil est revenu. Une voiture d’Azerbaïdjan (oui, si vous avez tout suivi, l’Azerbaïdjan est l’ennemi juré de l’Arménie, mais s’entend à merveille avec la Géorgie !), une voiture d’Azerbaïdjan donc, s’arrête au Family Corner, et ses occupants donnent immédiatement une boite de gâteaux au chocolat à Titouan, ravi de son cadeau !

Titouan avec son donateur Azéri !

Family Corner de Gamdzani qui nous a réservé un super accueil le temps que l’orage se dissipe !

Didi Abouli (3300 m), point culminant du Petit Caucase géorgien, vu depuis la route avant Paravani
Avant de monter dans le massif de l’Abouli, point culminant du Petit Caucase géorgien à 3300 m, nous faisons le plein de vivres à Poka, sur les rives du lac Paravani.

Le commerçant se sert d’un boulier pour ses calculs
Nous croisons un cyclo allemand en sens inverse, en mode bikepacking (vélo gravel), qui a passé le col Abouli dans la matinée : à demi-couché par terre, il semble exténué… C’est si dur que ça ?! Ben zut… mais non, il semble dire que dans le sens où on va passer, les pistes sont plus adaptées. Bon, on verra bien.
La piste s’avère finalement parfaite dans le sens que nous avons choisi, à la montée. Nous croisons de nombreux campements de bergers, où les chiens Bergers du Caucase nous foncent dessus, comme dans les Geghama en Arménie. Mais ici encore, il suffit de s’arrêter, et parfois d’attendre que le maitre arrive en courant, pour nous libérer le chemin !
Nous dormons ce soir au col d’Abouli, sous le sommet du Didi Abouli. Celui-ci étant dans les nuages, nous renonçons à y monter.

Bivouac sous le col de l’Abouli
02/08/2018 – Du col de l’Abouli à Vardzia – 60 km – D+ = 350 m

Le Didi Abouli, dans la descente du col
Descente du col ce matin, nous nous trompons d’itinéraire et prenons la piste empierrée à notre gauche, au lieu de tirer vers la droite en direction d’une piste enherbée. Erreur qui va nous couter une descente rugueuse, et très sollicitante pour le matériel. Nous comprenons mieux l’état de fatigue du cyclo croisé hier, en effet, cette piste à la montée doit être bien casse-pattes !
La descente se poursuit ensuite vers la ville d’Akhalkalaki, par des pistes. La chaleur revient.
Gaspard se met à hurler dans la descente, lâche son vélo et se met à effectuer une drôle de danse : il vient de se faire piquer par une guêpe dans le dos, qui ne l’a pas raté, 5 piqures. On sort l’aspi-venin, emporté suite aux 30 piqures de Seb l’an dernier dans la traversée des Alpes. Un camion qui monte sur la piste s’arrête à notre hauteur, va trifouiller dans son coffre, et revient avec un melon, puis repart comme il est arrivé ! Rien que ça, ça redonne du pep’s à notre Gaspard. Quelques minutes après, les cloques ont disparu, et ne restent que les marques des ventouses de l’aspi-venin, qui vont virer au rouge, puis au bleu dans les jours qui suivent.
Petite pause à Akhalkalaki pour manger des khachapuri (pain fourré géorgien) et des shawarma (sandwich style libanais) excellents.

Le pont-wagon, quelques kilomètres sous Akhalkalaki, nous y faisons un détour avant de remonter à la ville et poursuivre notre route.

Palindrome : AK – KA .. dans la ville d’Akhalkalaki ! Pff… que c’est compliqué la prononciation dans ces pays !
Puis nous reprenons la piste qui nous parait interminable sur le plateau permettant d’accéder à Vardzia par « le haut ». Adélie est en petite forme sur la tôle ondulée de la piste en fin de journée. Heureusement, l’attache à base de sangles Ortlieb se révèle encore une fois parfaite.
En fin de journée nous arrivons à la cassure de la falaise, et la piste plonge littéralement sur le site troglodytique de Vardzia : le vue est époustouflante, d’innombrables cellules percent la falaise en face de nous, sur plusieurs centaines de mètres.

L’arrivée impressionnante sur Vardzia
03/08/2018 – Vardzia

Une petite partie de Vardzia, vue depuis le chemin de descente du site
Aujourd’hui nous restons finalement sur Vardzia afin d’avoir le temps de visiter le site tranquillement. Nous logeons au Valodia’s Cottage Guest House, un hôtel qui cuisine les aliments cultivés sur place, et c’est tout simplement excellent. La première nuit nous dormons en chambre, la seconde sous notre tente, dans le jardin, car la guest-house est complète avec des réservations de longue date ! Ici les clients arrivent par bus entiers, et ça dépote dans les cuisines.
La visite du site de Vardzia restera un moment fort pour nos jeunots qui se régalent à courir dans le dédale de galeries intérieures ! Cet immense monastère aurait presque des allures du monastère bouddhiste de Phuktal au Zanskar, mais en un peu moins sauvage tout de même. Une petite partie est encore réservée aux nonnes, et l’accès en est interdit.
Sa construction remonte au 12ème siècle, sous le règne de la reine géorgienne Tamar, et s’étage sur 13 niveaux. Sacré immeuble souterrain ! Chaque niveau communique par des escaliers intérieurs ou extérieurs, rendant la visite fantastique. Un réseau d’eau souterrain alimentait la population en eau potable. A l’origine, le monastère était totalement invisible de l’extérieur, il s’agissait d’une véritable ville souterraine, qui pouvait accueillir jusqu’à 50 000 personnes ! Les ouvertures de chaque grotte, que l’on aperçoit de nos jours, résulte d’une destruction du site ayant eu lieu quelques siècles plus tard, lors des différentes vagues d’invasion. Visite en image ci-dessous :
Ce soir, grâce à la connexion WiFi performante de la guest-house, nous décidons de mettre un peu à jour notre blog. Mais en nous connectant, nous découvrons que certains mots clés ayant permis d’accéder à notre site sont pour le moins étranges : « touristes« , « décapités » . Gloups, bizarre. Nous consultons l’actualité pour découvrir le terrible attentat qui a visé 7 cyclos sur la route du Pamir, au Tadjikistan, le 29 juillet dernier. Attentat revendiqué a priori par l’EI, même si ce n’est pas totalement prouvé non plus. Nous sommes très affectés par ces assassinats, dans ce haut lieu du voyage à vélo et dans une zone de montagne, le Pamir, que nous affectionnons. Nous pensons à ces couples de cyclos attaqués, qui voyageaient depuis de longs mois autour du globe, ne dérangeaient pas grand monde dans leurs choix de vie loin du modèle consumériste, mais qui ont été au mauvais endroit, au mauvais moment.
Alors ce soir, depuis Vardzia, nous n’avons pas vraiment le cœur à mettre à jour notre blog. Nous décidons que nous actualiserons notre itinéraire à notre retour en France.

Une grande pensée, ce soir, aux cyclovoyageurs disparus du Pamir…
Bonjour les amis. Quel beau périple!….Bravo à chacun des membres de la famille…de gros défis ont été relevés!
Pouvez-vous m’expliquer le commentaire à propos des attaches à base de sangle qui se révèle encore une fois parfaite? À quoi faites-vous allusion?
» Adélie est en petite forme sur la tôle ondulée de la piste en fin de journée. Heureusement, l’attache à base de sangles Ortlieb se révèle encore une fois parfaite. »
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