Kirghyzstan : Autour de Karakol

19/07 : début de nos aventures à vélo. On se fait déposer au bout de la route (2000 m), au-dessus du village de Djeti Oguz,  dans l’une des vallées alpines des montagnes de Karakol. C’est parti pour 250 m de dénivelé en vélo pour se mettre en jambe ! Après les premiers kilomètres très agréables, avec en toile de fond les magnifiques rochers de grés rouges, la piste se corse en devenant plus rugueuse et plus pentue.

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Les fameux rochers de grés rouges de Djeti Oguz (les « 7 taureaux » en kirghize), à l’origine du nom du village et de la vallée

La piste serpente dans des gorges en longeant la rivière impétueuse que l’on traverse à plusieurs reprises sur des ponts réalisés à partir d’impressionnants grumes locaux. Les tabliers de ces ouvrages ont quelquefois subit les affres des crues et leur traversée nécessite une grande vigilance avec la carriole. En début d’après-midi, nous sortons des gorges pour atteindre les alpages de Kok Jayik, la « vallée des fleurs » aux verts éclatants. Sous les regards ébaillis des locaux venus pic-niquer avec leurs petites Lada berlines transformées en tout-terrain, nous atteignons le camp des « yourtes dorées » de Batik (2250 m) avec nos montures cyclopédiques. Alors que d’autres touristes profitent de l’aprem pour aller admirer une cascade, en passant devant de petits chalets où venaient se reposer le cosmonaute Gagarine au retour de ces exploits spatiaux, de notre côté les enfants en profitent pour jouer au ballon avec la fille de la famille (Sésime) qui tient les yourtes.

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Le camp de yourtes « Altyn yurta » où nous passerons 2 nuits avant de commencer véritablement notre périple à vélo

Le lendemain (20/07), le beau temps est au rendez-vous et nous décidons d’aller randonner dans la partie amont de la vallée de Djeti Oguz. Même si nous sommes partis des yourtes à vélo, bien vite, nous nous rendons compte que le reste de notre sortie sera plus adapté à la marche. Au détour de certaines vallées et à la faveur de trouées dans les cumulus de plus en plus bourgeonnants, nous apercevons les plus hauts sommets de la chaine du Terskey Ala Too (5200 m), longeant le sud du lac Issyk Koul sur près de 300 km.

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Depuis l’embranchement de la vallée de Téléti (2500 m), vue sur les hautes montagnes de Djeti Oguz  (5181 m),  parmi les plus hauts sommets de la chaîne de Terskey Alatoo

Alors que les enfants jouent sur une petite plage de sable, nous avons droit à la visite d’un berger avec son beau kalpak (chapeau kirghize). A peine bonjour, et il nous demande si nous pouvons lui offrir de la vodka. Désolé, nous n’avons pas encore pris les habitudes locales. La seule chose qu’on peut lui proposer c’est une tartine de Bleu du Vercors ! Il semble apprécier cette alternative et nous propose de faire monter les enfants sur son cheval. Le temps se couvre dans l’après-midi et nous choisissons de redescendre sans tarder, le long des rivières au débit impressionnant.

  Notre berger rencontré, grand amateur de Bleu du Vercors ! (à gauche). Des blocs à grimper (2650 m), qui prennent l’ampleur de véritables montagnes avec les yeux d’enfants, en remontant la vallée de Djeti Oguz (à droite).

 

21/07 : Vrai départ de notre traversée à vélo

Nous quittons les montagnes de Karakol, avec pour objectif de rejoindre rapidement le lac Issyk koul. Le soleil nous accompagne lors de cette descente de la vallée de Djeti Oguz, où nous progressons lentement pour tester nos montures bien chargées.

La piste longe la rivière qui se faufile à travers gorges et défilées. Le tumulte du cours d’eau est impressionnant et nous devons mobiliser l’attention des enfants lors des quelques traversées à l’aide de ponts en madrier. Grâce au goudron retrouvé et au profil descendant nous atteignons le village de Djeti Oguz après quelques coups de pédales.

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La partie encaissée, entre la «vallée des fleurs» et les rochers de Djeti Oguz

Notre carte laissait entrevoir une possibilité de couper « à travers champ » avec le double objectif de limiter la distance de l’étape du jour et de diminuer notre trajet sur la route à grand trafic. Sur le terrain, les difficultés d’orientation et l’incompréhension des locaux à vouloir utiliser une piste alors qu’une route goudronnée nous tend les bras, a eu raison de notre volonté d’exploration des itinéraires bis. Sans notre « Bison futé » national, on se rabat finalement sur un itinéraire « compromis », qui emprunte des pistes jouant régulièrement le rôle de rigole entre le canal principal et les champs à irriguer. La journée est déjà bien avancée lorsque nous rejoignons le goudron. Nous croisons Guillaume, un cyclo-voyageur pétillant parti d’Europe il y a 10 mois, et ayant traversé des régions peu parcourues à la recherche de belles rencontres (Kurdistan irakien, Iran, …).

 Le camping improvisé dans le jardin de Djouma, peu avant Kyzyl Suu.

La journée est déjà bien avancée et l’orage menace franchement. Nous décidons de nous arrêter rapidement au petit hameau d’Orgochor, 4 km avant Kyzyl Suu (les « eaux rouges » en kirghize). Nous sollicitons l’hospitalité des habitants des lieux afin de pouvoir planter nos tentes dans un jardin. Nous traversons ce petit village aux nombreuses mosquées, en guettant le ciel qui s’obscurcit, tandis que le vent annonciateur de la pluie forcit. Malgré nos mimes et nos rudiments de kirghize et de russe, peu de gens comprennent qu’on ne demande pas à dormir chez eux mais bien à planter « notre yourte» sur un petit bout d’herbe. C’est finalement Djouma, avec un beau sourire et le chapeau musulman d’Asie centrale (tubeteika), qui nous donne accès à son jardin. Nous plantons la tente, entre la vache familiale, la réserve de foin et le potager. Nous nous installons à une vitesse record, alors qu’un orage de grêle s’abat tandis que la dernière sardine est plantée ! Djourma a une très jolie jeune femme, et déjà 3 enfants, de 4 ans, 2 ans et quelques mois. Alors que nous commençons à cuisiner avec notre réchaud (à alcool, sic !), et que les enfants jouent tous ensemble dans les tentes, il nous invite amicalement à partager le repas du soir, atour du thé (tchaï).

La rive sud du las Issyk Kul…